Le Comptoir familial : une véritable ruche depuis 1959
Un lundi matin de janvier. Je suis invitée par Pierre Bédard, président du conseil d’administration, à visiter les locaux du Comptoir familial de Sherbrooke. Les lieux, que je croyais déserts, forment une véritable ruche. Après dîner on ouvrira les portes aux clients, mais depuis quelques heures déjà, des bénévoles s’activent à tout mettre en place pour bien les accueillir. Ils seront des dizaines à se pointer à la porte de l’édifice situé au 151, rue Bowen Nord.
Ce matin, sur le débarcadère, on est venu déposer des sacs de décorations de Noël, de la vaisselle, des sacs de vêtements. Il fait -15, on travaille prestement. Au sous-sol et au rez-de-chaussée, des équipes besognent avec entrain. Ça plie, ça trie, ça sélectionne, ça remplit des bacs selon un étiquetage digne des plus grandes entreprises. En tendant l’oreille, on pourrait entendre le bourdonnement des abeilles ouvrières. Ici, un système automatisé, mis sur pied par un employé, monsieur Guy Chicoine, permet d’avoir un inventaire précis du matériel reçu et mis en vente. La saison venue, on mettra en évidence les vêtements chauds ou plus légers. À perte de vue, des rangées de boîtes, toutes étiquetées avec minutie! Ici on sait combien on possède de robes d’été, de robes de mariée (hé oui!), de vêtements pour enfants ou adultes, de petits objets de toutes sortes (cafetières, jeux, bibelots, disques, livres, etc.). La marchandise est constamment renouvelée, ce qui incite la clientèle à revenir s’approvisionner avec assiduité.
Un homme actif dans sa communauté
Parmi ces bénévoles, Guy Larose rayonne : depuis 25 ans, il est impliqué à différents paliers de l’organisme. Il est membre de la corporation depuis 1993. Il a été, à tour de rôle, vice-président (2001-2002), président (2003-2007), directeur à la publicité (2008-2010), puis directeur du comité social depuis 2017. On le retrouve à la caisse plusieurs heures par mois. Lui qui a passé une grande partie de sa vie active comme chef cuisinier chez Bombardier n’a que des bons mots pour Le Comptoir familial. Il invite les gens à venir joindre les rangs de l’équipe de bénévoles qu’il qualifie de grande famille. « Un grand sentiment d’appartenance habite tous les bénévoles qui, souvent, ont été recrutés par d’autres bénévoles. Pour ma part, ajoute Guy, c’est lors d’une partie de bridge que j’ai entendu parler de l’organisme. » Quant à son épouse, Diane, elle est tombée dans la marmite quand elle était enfant : sa maman l’envoyait porter des sacs de vêtements au Comptoir familial! Aujourd’hui, elle sait à quel point elle fait œuvre utile en cette ère de récupération. Pour Guy et Diane, la protection de l’environnement est au cœur de leurs préoccupations. Donner une seconde vie aux vêtements et aux objets, c’est une façon de réduire son empreinte sur la planète.
La clientèle du Comptoir familial
Le Comptoir familial fête cette année son 60e anniversaire. Il a été fondé par Caritas. Ses portes sont ouvertes au grand public sans aucune discrimination. Que vos revenus soient modestes ou non, vous êtes les bienvenus. On peut y acheter des jeans pour 1$, des bottes pour 4$, des chandails à 50¢, des manteaux à 6$, etc. Parmi les clients, on retrouve souvent des jeunes qui partent en appartement et qui sont à la recherche de vaisselle, de petits appareils ménagers, etc. Les nouveaux arrivants y trouvent aussi leur compte : ils sont surtout preneurs de vêtements chauds. On va aussi au Comptoir familial pour réduire son empreinte sur la planète en évitant de surconsommer, en donnant un second souffle à des vêtements qui sont reportables, à des objets qui sont réutilisables. Outre les vêtements pour toute la famille, on peut aussi dénicher des équipements sportifs, des jeux de société, des livres en bon état – j’y ai même vu un dictionnaire Larousse, impeccable!
Donner au suivant
L’organisme ne dépend d’aucune subvention. En allant porter des vêtements et objets réutilisables, vous permettez au Comptoir familial d’amasser des fonds qui sont retournés directement dans la collectivité. Ainsi plusieurs organismes profitent de ces surplus. Voici quelques exemples de dons : des vêtements pour les tout-petits ont été dirigés vers l’organisme Marraine tendresse; des sommes d’argent ont été remises pour l’impression du Journal de rue ou au Tremplin, pour défrayer des sorties plein air au profit de leurs jeunes résidents, ou encore à la Maison Oxygène, qui vient en aide aux pères et aux enfants à risque d’itinérance …
Être des leurs, un choix valorisant !