Lorsque la rigidité administrative prévaut sur les services aux citoyens et citoyennes

28 septembre 2022 | Par Journal de rue de l'Estrie | Communautaire, LGBTQ+, Santé mentale, vol. 20, no 4

L’organisme IRIS Estrie, acteur régional important en matière de prévention du VIH, des hépatites et des autres ITSS, dénonce et déplore que les citoyens et citoyennes qu’il dessert soient les premières victimes de la rigidité administrative de l’Agence de Santé publique du Canada (ASPC).

Ayant perdu son financement de l’ASPC, dont le montant couvrait 70 % du budget, IRIS Estrie a déployé des efforts considérables pour éviter sa fermeture. Par ces efforts, il a pu maintenir certains services et assurer sa survie pour au moins une autre année. Cependant, l’ASPC récidive et exige le remboursement d’une somme de 22 000 $ du financement reçu pour l’année 2021-2022, du fait que cet argent n’a pas été dépensé avant le 31 mars 2022.

Une somme justifiée
Bien que cette procédure suive les normes administratives, elle soulève l’indignation au sein de l’organisme, du fait de son caractère rigide et absolument aveugle aux circonstances. En effet, Yannick Dallaire, président du conseil d’administration souligne que « l’Agence n’a pas tenu compte du contexte dans lequel se trouvait l’organisme. Premièrement, certains de nos services roulaient au ralenti du fait des restrictions liées à l’épidémie de COVID-19. L’argent qui leur était consacré ne pouvait donc tout simplement pas être dépensé. Deuxièmement et paradoxalement, face à cette crise financière et sanitaire, l’équipe a dû redoubler d’efforts, ce qui a poussé plusieurs personnes à l’épuisement et, par la suite, au congé maladie. Les personnes en congé maladie n’étant payées qu’à un pourcentage de leur salaire, cela représentait d’autres sommes qui ne pouvaient être utilisées dans leur cadre défini. Ainsi, au-delà de ces conséquences humaines désastreuses, tout cela explique pourquoi il y avait 22 000 $ non dépensés à la fin de l’année financière ».

Rigidité administrative
La triste ironie de tout cela est que ces 22 000 $ devaient couvrir des dépenses directement liées aux services aux populations. Leur report dans le budget de l’année financière 2022-2023 permettait de maintenir les services concernés. Malgré les démarches et la mise en valeur du caractère exceptionnel de la situation (COVID-19, fermeture de services et crise de ressources humaines), ce report n’a pas été approuvé et aucune place n’a été laissée à de possibles accommodements circonstanciels. Yannick Dallaire ajoute « qu’il va sans dire que cette rigidité de la part de l’Agence affecte directement de nombreuses populations de l’Estrie; des personnes déjà fortement affectées par la perte du financement initial. Ça renvoie l’image d’une institution pour qui les règles administratives sont prioritaires au bien-être des gens marginalisés. »

Une prochaine année précaire
À travers toutes les actions prises par l’organisme, on ne peut passer sous silence le manque d’intérêt de notre députée de comté, Élisabeth Brière, qui est aussi secrétaire parlementaire de la ministre de la Santé mentale et des Dépendances. Du fait de ces deux positions, la mission d’IRIS Estrie, ses projets et ses actions devraient soulever son intérêt tout particulier. Cependant, depuis de nombreux mois, les demandes de rendez-vous et d’aide auprès de la députée n’ont pas abouti, même si, il faut le souligner, sa directrice de bureau a entrepris quelques démarches auprès de l’organisme – malheureusement non concluantes. IRIS Estrie se voit donc dans l’obligation de rembourser cet argent, ce qui aura des conséquences directes sur son budget et ses services en 2022-2023.

L’équipe d’Iris Estrie, situé au 505, rue Wellington Sud.
Pour un dépistage d’ITSS, consultez la carte interactive à l’adresse : SANTEESTRIE.QC.CA/ITSS. Pour faire un don à Iris Estrie : https://www.gofundme.com/f/iris-estrie-au-cur-de-la-prvention-depuis-1988

Selon Charlène Aubé, directrice d’IRIS Estrie, « l’APSC, par ce manque de souplesse, ne fait qu’augmenter la précarité de l’organisation. C’est une position qui manque vraiment d’humanité, et nous voulons que la population de l’Estrie en soit consciente. C’est pourquoi nous avons décidé de remettre en main propre le chèque de remboursement à Élisabeth Brière afin que son gouvernement entende notre colère et soit conscient de l’impact négatif d’un tel règlement sur ses concitoyens et concitoyennes, qui méritent, comme tout le monde, d’avoir accès à des services spécifiques à leurs besoins. »

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