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Culture
vol. 19, no 3

Gâte-toi donc un peu : le leurre

1 juin 2021 | Par Pierrette Denault | Culture, vol. 19, no 3

« Gâte-toi donc un peu, tu le mérites bien. Après tout, on n’a qu’une vie à vivre, pourquoi ne pas se faire plaisir! » Combien de fois n’avons-nous pas entendu cette expression autour de nous? Combien de fois ne l’avons-nous pas lancée nous-même à quelqu’un de notre entourage au moment où il s’apprêtait à faire une folle dépense? Peut-être avons-nous succombé nous-même à la petite voix intérieure qui nous invitait à sortir notre carte de crédit alors que nous n’en avions tout simplement pas les moyens… 

trop cest comme pas assez
Un essai de Mylène Gilbert-Dumas, Éditions de l’Homme

Une fois engagé sur l’autoroute à huit voies de l’hyperconsommation, un flot infernal nous emporte. Il faut parfois beaucoup de temps (et de souffrance!) pour réaliser qu’on s’en va tout droit dans le mur. Inconsciemment (ou peut-être pas tant que ça!), nous sommes prisonnier d’un leurre et tôt ou tard, on finit par frapper un nœud. C’est ce à quoi nous invite à réfléchir l’autrice Mylène Gilbert-Dumas dans Trop, c’est comme pas assez publié récemment aux Éditions de l’Homme. Dans un essai de 168 pages très accessible, elle invite le lecteur à revisiter ses habitudes de consommation. Elle lui propose de reprendre le contrôle de ses finances et, par conséquent, le contrôle de sa vie. 

Si vous avez l’impression d’être dans une course perpétuelle au plus-plus-plus, si vous croulez sous les dettes, l’autrice vous propose de réévaluer votre situation. Étape par étape, elle nous apprend comment opérer une décroissance en réévaluant un à un nos besoins (les réels, les essentiels et ceux imposés par la société de consommation). Sommes-nous esclave d’une chimère? Avons-nous tant besoin de dépenser? Dépenser rend-il heureux? Quelle différence fait-on entre plaisir et bonheur? Sommes-nous ce que nous achetons?  

Le livre divisé en 31 courts chapitres se savoure à grands traits : on y retrouve les circonstances qui ont amené Mylène Gilbert-Dumas à opérer un virage à cent quatre-vingts degrés dans sa vie personnelle suite à une rencontre déterminante avec son ami Wilfrid. Changement de cap qui l’a obligée à prioriser ses achats, à exercer avec sagesse son pouvoir d’achat, à se réapproprier les nombreuses heures volées par les écrans. Elle nous apprend comment suivre son argent à la trace (technique facilement applicable), nous enseigne l’art de se mettre de l’argent de côté (avec des revenus réguliers ou non) et même à vivre au-dessous de ses moyens; et surtout, elle nous invite à réfléchir à cet aveuglement volontaire nourri par la publicité omniprésente. 

Le lecteur qui est prisonnier de ce mirage trouvera dans Trop, c’est comme pas assez l’occasion de se ressaisir (qu’il ait frappé un mur ou non) et d’opérer à son tour le virage nécessaire pour retrouver la tranquillité d’esprit. 

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