La Fièvre… de la danse!
10 août 2018, 16h25. Sherbrooke.
J’ai La Fièvre dans les tripes depuis mon dernier regret... Depuis le 26 mai, lors du micro ouvert du Festicourt à La Petite Boîte Noire, je souhaite (re)voir ce groupe de musique d’un style aussi envoûtant à écouter que Annie Lennox. Je n’ai pas pu aller voir La Fièvre le 22 juin… cette fois-ci, c’est la bonne! Oh que j’ai la chienne d’y aller! Laissez-moi danser bon sang!
Je ne tiens plus en place. Je suis en retard pour sortir les chiens (il y en a deux dans la maison, à présent: Shiraz et Charlie; deux bergers australiens; un tricolore noir et un blanc). Bousculer les habitudes, c’est bien, mais être constant dans sa routine, c’est mieux… et plate à la longue; et j’aime ça aussi. Pour les chiens, toutefois, cela réduit considérablement leur anxiété (je ne suis pas le spécialiste en général pour rassurer… faudrait commencer par soi-même). Bon, ça y est: je n’arrive plus à maintenir ma verbomotricité en place… Oh que c’est chiant à la fin! Bon, les chiens ont comblé leurs besoins… il est 17h06… Mais pourquoi je m’énerve? Le spectacle est à Montréal ce soir et ne commence qu’à 21h! Franchement, Loïc: calme-toi! Attends… comment on se calme déjà?
Ah… Les techniques de respiration (comme au théâtre)… Ok.
J’ouvre les yeux pour me retrouver dans le véhicule de l’ami qui m’accompagne. Le stress… c’est épuisant à porter! Je me rendors aussitôt pour une quarantaine de minutes. Ce qui pèse sur moi s’envole en même temps que les boules de rêves qui voyagent au cours de ce sommeil profond. Mes yeux croisent un panneau indiquant que les autoroutes 10, 15 et 20 autour du pont Champlain seront fermées à partir de 23h59. Je m’inquiète pour le retour: pourvu que nous n’arrivions pas trop tard chez-nous. Le calme revient autour de 19h14 devant la Casa Del Popolo (la maison du peuple), preuve de paiement du stationnement à l’appui. C’est l’heure de se remplir la panse. Je commande un El Gordito (un genre de burrito avec fromage, riz et avocat) piquant accompagné d’une bière au gingembre (non-alcoolisée). Quel goût mordant plein de douceur (tout comme le service de ces lieux)! Oui, moi aussi, «je suis… La Chienne» (paroles d’une des chansons de La Fièvre) quand on me met à l’aise. Selon mes observations et des dépliants récupérés, cela semble être un endroit qui diffuse de la culture queer (une vision non-binaire et non-genrée de la sexualité ou du monde en général). Je ne note rien de «bizarre» ou d’«étrange» autour de moi. Je me sens juste bien à cet endroit: pas de regards sales; pas d’odeurs de cigarettes; pas de drague; pas de stress ou de faire-valoir, tout court. C’est un bar qui ne se veut être rien d’autre qu’un bar avec une salle de spectacles, ce qui me convient.
Après que je sois allé faire un tour dans la toilette de la Casa Del Popolo, mon ami vient avec une des personnes de La Fièvre. Elle me demande si c’est moi Loïc... Mon cœur part en feux d’artifices: elle se souvient de moi (je l’avais vue en mai)! Eh bien non: c’est mon ami (aussi fan fini que moi) qui lui a donné mon nom! On rigole ensemble.
Autour de 22h, le spectacle commence avec Carlyn. Bien que mon corps me supplie de danser, je ne lâche que des sourires en coin. Je ne me sens nullement jugé, mis à part le jugement que je porte sur moi-même tout en pensant au retour à Sherbrooke…
La Fièvre est à l’écoute de ces tourments. Alors qu’un participant souhaite prendre la scène vers 22h40, le duo semble lui demander de passer avant lui pour que nous ayons la chance de les voir. Il accepte sans résistance. Magie, magie, magie! Le groupe se prépare… la machine fumigène prépare le terrain et donne le ton à la scène… le monde se rassemble sur la piste de danse… Je n’ai rien vu venir: je danse depuis la première chanson! Je me sens toujours guindé et j’aimerais voir mes bras se mouvoir un peu plus, mais c’est comme ça. L’essentiel, c’est de goûter à cet instant, aussi éphémère soit-il, d’être soi-même en présence d’autres soi-mêmes. J’apprends qu’un des instruments utilisés s’appelle un thérémine (c’est comme une boîte avec deux antennes qui produit du son sans toucher). Au cours du spectacle, La Fièvre lance, juste comme ça: «On fait de la magie le weekend seulement et pas devant des inconnus». Wow! C’est donc ça, être bien? Loïc, voici une leçon d’estime de soi: lâche prise!
Parce qu’on se sent justement bien, mon ami et moi décidons d’oublier les soucis du retour et de continuer la soirée jusqu’à ce que notre fatigue nous commande d’arrêter. novembre entre en scène à 23h15. Nous rentrons dans un mode méditatif. La musique ne me fait pas danser, mais elle me fait voyager. C’est juste bien comme ça: une mélodie pour me recentrer.
La fatigue nous prend peu à peu: il y a beaucoup de kilométrage dans nos corps et autant qui nous attend sur le chemin du retour. Il est temps d’accepter nos limites et de reprendre la route direction Sherbrooke. Nous revenons à la maison autour de 3h38. Je dors comme un loir. Et c’est juste bien comme ça... Non! J’ai oublié avant de vous dire dodo que La Fièvre sera à Sherbrooke le 5 octobre. Ok, dodo maintenant.