Greta et la fin du monde

1 décembre 2019 | Par Jacques Quintin | Environnement, Philosophie

Il n’y a pas une journée qu’on ne nous annonce pas la fin des temps, une sorte d’apocalypse où l’espèce humaine ne survivra pas. 

Nous ne pouvons nier que le vivant et l’environnement se portent plutôt mal. Greta Thunberg crie haut et fort que nous devons être plus responsables en agissant immédiatement. C’est maintenant, sinon il sera trop tard. Le danger est imminent. Dans ce contexte, comment ne pas être assailli par la peur. En contrepartie, nous pourrions nous demander si la peur porte conseil. 

Dans son discours à l’ONU, Greta affirme qu’on a volé son enfance en dépit du fait qu’elle provient d’une famille aisée et cultivée. Qu’est-ce que cela peut bien signifier? Je crois qu’elle cherche à dire que ce n’est pas normal qu’une enfant ait des préoccupations si sérieuses ou qu’une enfant doive porter tout le fardeau de la survie de l’humanité. Elle aurait pu dire qu’on a volé son innocence. Il n’était plus possible pour elle de rêver comme le font les enfants.  

Greta Thunberg
La jeune militante pour l'environnement, Greta Thunberg. Crédits photo : Shane Balkowitsh, page Facebook officiel de Greta Thunberg

Pourtant, rien de nouveau sous le soleil. Dans les années 1970, la peur a habité toute une génération de jeune. Il y avait l’angoisse d’une guerre nucléaire avec aucun survivant. L’avenir n’annonçait rien de bon. Il y avait de quoi être désespéré.  

En ce qui concerne les changements climatiques, oui, il convient d’écouter la science. Mais rappelons que la science est descriptive et non pas prescriptive. N’oublions pas aussi que tous nos engins qui carburent au pétrole sont des produits rendus possibles grâce à la science. Lorsqu’il s’agit de décider de notre avenir comme de notre existence, la science à elle seule ne suffit pas. Ce n’est pas strictement de connaissance dont nous avons besoin, mais de penser autrement qu’en termes d’exploitation de la nature et de consommation.  

Ce qui se montre dans cette crise entourant les changements climatiques, c’est que la sauvegarde du vivant, en dépit de sa nécessité, laisse de côté le plus important : la vie de l’esprit. Ce qui implique que nous ne pouvons plus nous satisfaire d’un discours strictement scientifique qui porte sur les objets du monde et ses mécanismes. Il existe d’autres vérités, dont celle du sens qui se donne dans un dialogue sur le possible. Les changements climatiques nous mettent sur un chemin d’ouverture sur quelque chose de nouveau. Comme quoi c’est souvent à l’intérieur des crises que le sens et le possible émergent. La crise devient un temps de révélation.  

À 62 ans, je sais maintenant que les changements induits par la pensée sont lents, mais durables. En ce sens, il n’y a pas de panique, mais une urgence à approfondir ce que le vivant et la protestation peuvent nous apprendre sur nous-mêmes. 

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