Centre de prévention des surdoses à Sherbrooke
Cet automne, un espace pour accueillir les personnes utilisatrices de drogues par injection, inhalation ou par prisage (sniffer) a ouvert à Sherbrooke.
La pandémie du coronavirus a poussé à agir rapidement afin de pallier les conséquences collatérales sur les personnes vulnérables. La Santé Publique et l’organisme IRIS Estrie ont donc agi rapidement afin de trouver une façon de réduire les risques sur la santé des personnes utilisatrices de drogues. Des fonds d’urgence ont été débloqués dans le but de mettre en place des projets visant à mieux joindre les personnes marginalisées encore plus isolées depuis le début de la pandémie.
Pandémie de produits frelatés
Les frontières étant fermées, l’approvisionnement de drogue est devenu très difficile : beaucoup d’ingrédients entrant dans la fabrication proviennent de la Chine ou du Japon et les revendeurs se sont mis à altérer les substances avec ce qu’ils peuvent trouver comme des médicaments pour l’anxiété tels le Restoril. Le fentanyl circulait déjà depuis un bon moment et est à l’origine, depuis 2016, de milliers de surdoses mortelles au Canada. À ce titre, la Colombie-Britannique a compté plus de morts par surdose que par l’infection à la COVID-19 durant les mois de mars et avril 2020. C’est 40% d’augmentation par rapport à la même période l’an dernier malgré la baisse constante un an avant la pandémie. Toronto a pour sa part enregistré au moins 22 décès liés à l’utilisation d’opioïdes au mois d’avril, ce qui constitue un sommet depuis 2019. Les règles de distanciation physique ont aussi provoqué la réduction du nombre de places dans certains centres de prévention de surdoses, alors que d’autresont fermé.
Centres de prévention de surdoses
Le premier site d’injection surpervisé à voir le jour au Canada a été créé à Vancouver en 2003, il est toujours en activité malgré la menace de fermeture qui a plané sur lui pendant un certain temps. Un endroit où les gens peuvent apporter leur drogue, la faire tester afin de connaître ce qu’elle contient et où ils peuvent l’inhaler, se l’injecter ou l’avaler sous la supervision de professionnels de la santé et d’intervenants peut faire lever les cheveux sur la tête rapidement si on ne comprend pas le but fondé de l’approche de réduction des méfaits. Cette façon de faire découle directement de la prohibition des drogues et à la suite de l’épidémie de VIH-SIDA qui a sévi dans les années 80. Connaissant de mieux en mieux les modes de transmission du virus, la santé publique a pris les moyens pour mieux rejoindre les utilisateurs d’héroïne et de cocaïne en leur offrant, entre autres, du matériel de consommation stérile et des pipes pour la consommation du crack ou des pailles pour la consommation de la cocaïne en poudre. Cette manière de faire permet aussi de rejoindre des utilisateurs isolés qui n’ont pas l’habitude de fréquenter les établissements de santé. En plus de pouvoir fréquenter un endroit sans jugement, les utilisateurs de drogue peuvent y recevoir de l’aide s’ils désirent entreprendre des démarches pour se défaire de leur dépendance. « L’approche de réduction des méfaits repose sur la réduction des conséquences négatives plutôt que l’élimination du comportement lui-même. » (IRIS Estrie).
Projet pilote
Constituant un projet d’essai pour l’instant, le centre de prévention des surdoses se trouve au premier étage des locaux de IRIS-Estrie au 505, rue Wellington sud et est ouvert du lundi au jeudi de 13 à 16 :00 et le vendredi de 13 à 21 :00. Les intervenants sont formés pour administrer la naloxone - antidote aux opioïdes – ils ont leur cours en RCR et proviennent de l’organisme Elixir (services pour les femmes utilisatrices de drogues), L’Arche de l’Estrie (accompagnement des personnes atteintes du VIH ou hépatite) et du CISSS-IUGS de l’Estrie CHUS.