Pour un salaire minimum décent!
La pauvreté est vécue par des centaines de milliers de personnes au Québec. La pandémie l’a intensifiée, mais elle était déjà bien présente au creux des foyers. Nous aimerions aujourd’hui attirer l’attention sur l’une des mesures concrètes permettant à toutes les personnes travaillant à temps plein d’avoir un revenu décent : la hausse du salaire minimum à au moins 15$ l’heure.
L’annonce très probable de la hausse de 40 cents l’heure du salaire minimum pour le 1er mai est insuffisante. Même à temps plein, il n’est pas facile de bien vivre avec 13,50$ l’heure! En ce sens, invoquer le 3 % d’augmentation salariale annuelle moyenne, comme le fait le ministre Éric Girard, pour justifier 40 cents de plus au salaire minimum, c’est cacher le maintien dans la pauvreté pour des centaines de milliers de personnes salariées.
Faut-il rappeler qu’en pleine crise de la COVID-19, le premier ministre François Legault a décrété que les salaires étaient trop bas pour les personnes travaillant comme préposées aux bénéficiaires. Plusieurs ont souligné avec raison que la PCU de 2000$ par mois était supérieure à un revenu de travail au salaire minimum à 35 heures semaine. Le Programme incitatif pour la rétention des travailleurs essentiels créé dans ce contexte a pris fin le 17 novembre. Rappelons qu’il s’agissait de primes du gouvernement de 100$ par semaine pour les gens travaillant dans les secteurs essentiels et gagnant moins de 550$ par semaine. Ces primes versées dans ces secteurs névralgiques visaient aussi à prévenir la pénurie de main-d’œuvre. Il faudra plus que des primes temporaires pour ces travailleurs et travailleuses.
Au-delà de la reconnaissance de leur apport essentiel sous forme de versement d’une «prime pandémie», le gouvernement a ouvert une boîte de Pandore. Il ne pourra plus reculer. D’ailleurs, il vient d’annoncer que les salaires pour les personnes travaillant dans le secteur du maintien à domicile recevront 16 $ au lieu de 14,25$. Dans cette logique de mettre des incitatifs en place pour attirer du personnel, il y a une reconnaissance implicite de bas salaires. Illusion Emploi de l’Estrie aimerait souligner que le gouvernement reconnaît du bout des lèvres que les salaires sont trop bas, mais cela est vrai pour toutes les personnes travaillant au salaire minimum et non pas uniquement pour le secteur de la santé, du commerce ou les secteurs qui lui sont utiles en temps de crise.
La TACAE soutient que dans une société riche comme la nôtre, la pauvreté n’est pas seulement déplorable, elle est inacceptable. Un salaire minimum qui permettrait réellement de sortir de la pauvreté et d’atteindre un revenu décent est le strict minimum à offrir aux travailleuses et aux travailleurs du Québec.
Le comité de la Marche mondiale des femmes - Estrie pense qu’il existe de nombreux leviers pour contrer la précarité systémique. Il faut d’abord prendre constat qu’encore aujourd’hui ce sont majoritairement les femmes qui cumulent les emplois à temps partiel, au salaire minimum et aux horaires atypiques. De plus, elles portent la charge mentale d’un travail invisible du quotidien qui bénéficie à l’ensemble des communautés. C’est pourquoi nous revendiquons une reconnaissance pleine de la valeur du travail des femmes en assurant un revenu qui couvre tous les besoins essentiels, notamment, en haussant immédiatement le salaire minimum à 15$ l’heure. Cette augmentation est une étape incontournable pour l’autonomie économique et la sécurité de nombreuses femmes.
Huit États américains ont déjà adopté le taux horaire à 15 $. L’Alberta l’a imposé en 2018 et la Colombie-Britannique vient d’annoncer qu’il sera de 15,10 $ dans sa province cet été. Alors qu’est-ce que le Québec attend pour hausser le salaire minimum à 15 $ et l’indexer annuellement par la suite? La pauvreté n’est pas une fatalité, mais la conséquence de décisions politiques et économiques. C’est pourquoi, d’une même voix, nous revendiquons un salaire minimum décent d’au moins 15$ l’heure et dénonçons tout type de marginalisation et d’exclusion sociale.