Lettre ouverte – McKinsey : quand le privé dirige le Québec

30 septembre 2022 | Par Journal de rue de l'Estrie | Communautaire, Société, vol. 20, no 4

À la suite d’un reportage d’enquête de Radio-Canada, nous apprenons que le cabinet-conseil américain McKinsey était au cœur de la gestion de la pandémie au Québec. La firme privée a même été sollicitée pour dresser un plan de relance économique ayant coûté 4,9 millions de dollars au gouvernement québécois. Sans nous prononcer sur la nécessité de recourir à une expertise externe lors de la pandémie qui était une crise, faut-il le rappeler, épouvantable, il y a plusieurs constats révoltants dans l’enquête sortie ce matin.

Le manque de transparence flagrant dans la divulgation des données de la part du gouvernement sortant est révoltant. Crédits : Freepik

Tout d’abord, est-il normal d'apprendre seulement aujourd'hui l’importance qu’a joué ce cabinet privé dans la prise de décision de notre appareil étatique?  Ce manque de transparence est complètement antidémocratique, surtout lorsqu’on comprend que le Québec a pratiquement été dirigé par une entreprise privée durant une grande période de temps, et ce, en pleine crise sociosanitaire, pendant laquelle les inégalités entre les classes se creusaient et la détresse de la population augmentait. Souvenons-nous de la vague tristement record de féminicides qui a eu lieu dans un contexte conjugal.

Ensuite, nous apprenons que l’ancien gouvernement a fait fi de l’expertise interne du Québec. Il est frustrant de voir que spontanément, l’équipe de la Coalition Avenir Québec a fait davantage confiance à une entreprise privée qu’à notre infrastructure québécoise. Alors que depuis des décennies, les milieux communautaires, syndicaux, féministes et étudiants développent et enrichissent leurs expertises de plusieurs enjeux sociaux cruciaux, ces savoirs sont systématiquement écartés du revers de la main.

Ce que nous apprenons ce matin de ce reportage, c’est que non seulement le désengagement de l’État se fait sentir dans le réseau public (santé, éducation, logement, etc.), mais qu’en plus l’État se tourne vers le privé pour administrer les affaires publiques. Nous touchons ici au fondement de la démocratie québécoise.

Les forces sociales, communautaires, syndicales, étudiantes, environnementales et féministes combattent ardemment le saccage de l’État, le désengagement du réseau et le recours de plus en plus fréquent au privé. Ces pratiques accentuent les inégalités sociales et en créent de nouvelles. Cela ne peut être toléré. C’est pourquoi nous unissons une fois de plus nos voix afin de dénoncer le recours au cabinet-conseil privé McKinsey pour diriger la population québécoise au lieu d’un gouvernement dûment élu. Nous exigeons des programmes sociaux et des services publics de qualité, accessibles et gratuits pour l’ensemble de la population. L’argent est là. Tout est une question de choix politiques et de justice sociale.

Pascal Florant, coordonnateur de Solidarité populaire Estrie

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