Des fleurs pour Rosaire
Toute l’équipe du Journal de rue est attristée par le départ subit de Rosaire Morneau. Notre fidèle camelot est décédé le 4 décembre dernier, à sa résidence. Le Journal de rue était une deuxième famille pour lui.
Membre du Journal durant plus de 10 ans, il faisait partie du paysage sherbrookois ; les clients et nos partenaires nous parlaient souvent de lui! Ils reconnaissaient sa chaleur humaine, son entregent et son assiduité. Toujours sympathique, il aimait dire aux gens qu’ils étaient "ben smatt" ou complimenter les beaux sourires qui le touchaient droit au cœur.
Sur le site web de la Coopérative funéraire de l’Estrie, les nombreux messages de sympathies témoignent de la grande appréciation et du respect qu’éprouvent envers lui les gens ayant côtoyé Rosaire ces dernières années. En voici quelques-uns publiés par des membres de notre équipe.
À l’équipe du Journal de rue et au personnel du Marché de la gare de Sherbrooke
Rosaire aimait semer de la joie autour de lui. Il suffisait de l’observer un peu pour réaliser qu’il aimait particulièrement entrer en relation avec les gens et que son principal plaisir n’était pas tant d’attirer leur attention, mais plutôt de les faire sourire.
Quand je lui remettais ses exemplaires de journaux à vendre, il me donnait immanquablement une « bine » amicale sur l’épaule en me disant « Tu es un bon petit gars, toi! ». Cette phrase emblématique m’amusait à chaque fois, ce que Rosaire voyait bien. Il pouvait alors repartir en paix, satisfait d’avoir accompli son but constant : susciter la bonne humeur.
Malgré sa santé plus précaire durant les dernières années, Rosaire acceptait assez sereinement son état et ne versait pas dans l’apitoiement. Tant qu’il pouvait distribuer le journal, il était content, même si le dos était plus recourbé, les pas plus lents, et les escaliers assez pénibles à monter. Il y avait de la dignité dans son attitude résiliente et c’était beau à voir.
Rosaire aimait beaucoup les employés du Marché de la gare et la clientèle des lieux, qui se montraient parfois très généreux envers lui. Les gens lui donnaient des cadeaux et ça le touchait chaque fois. Il était fier d’être devenu une figure emblématique du journal, car il existait parmi les gens... et les gens savaient en retour qu’ils existaient dans les yeux de Rosaire. C’était de la reconnaissance mutuelle à son plus pur état.
Rosaire avait compris que la meilleure manière d’être solidaire avec les gens, c’est parfois simplement de partager des moments de bonne humeur avec eux.
Gabriel Martin, agent-pivot du Journal de rue de l’Estrie
À tous les camelots du Journal de rue de l’Estrie
Rosaire n’est plus sur son « spot ». Il s’en est trouvé un nouveau sur son beau nuage blanc. Il parle à tout le monde, il s’est déjà fait des amis au pays des anges. Je suis prête à gager un muffin qu’il a déjà réussi à vendre sa pile de copies à coups de clins d’œil et de compliments. Le v’limeux, le ratoureux! Il nous manquera longtemps ... Je sais qu’il laisse un grand vide dans notre équipe et je partage votre chagrin.
Pierrette Denault, membre du conseil d’administration du Journal de rue de l’Estrie
De la part de son intervenant social
Nous nous sommes côtoyés pendant une décennie. Homme fidèle à ses habitudes et à son monde. Nous avons eu des moments où il me « trouvait moins fin », mais il y avait toujours cette tendresse entre mon rôle d’intervenant et d’ami. C’était une relation particulière et on s’appréciait même quand il me trouvait « fatigant » avec mes recadrages (haha!).
J’ai eu une étrange impression, lors de la dernière visite que je lui ai faite au Marché de la Gare le jeudi 1er décembre, mais je ne pensais pas qu’il nous quitterait trois jours après.
On s’attend des intervenants qu’ils soient neutres devant la misère et la tristesse, mais nous demeurons des humains avant notre titre professionnel; tout ce qui arrive à notre monde avec qui on crée des liens — qui prennent parfois des années à se construire — vient nous toucher, que ce soit des moments heureux pour eux ou des coups durs.
Et présentement, c’est un peu moi qui traverse un coup dur et qui suis triste.
Grégoire-Étienne Saint-Aubin
Adieu, cher Rosaire... Ta place est assurée pour toujours dans nos cœurs et ton image restera longtemps associée au Journal de rue.