Un café avec Karine Therrien
J’ai eu la chance de rencontrer Karine Therrien, coordonnatrice au développement du Journal de rue, à son domicile un mercredi après-midi. Un accueil chaleureux des plus insolites, car elle m’a présenté quelques habitants de sa maison, dont trois chats, un furet et un serpent. Ces rencontres me laisseront à la fois charmée par les poilus et… un peu traumatisée par le fameux reptile, évidemment!
L’écriture a toujours fait partie de sa vie. Après avoir évolué au sein de divers organismes communautaires, elle a choisi le Journal de rue pour s’établir. Un choix de cœur en raison des valeurs humaines véhiculées par le périodique. Effectivement, elle évoque avec beaucoup de bienveillance les camelots qui œuvrent chaque jour à la distribution des journaux : « Je suis moi-même issue d’une famille peu aisée où l’on m’a appris que l’argent ne tombait pas du ciel, mais qu’il fallait travailler pour l’obtenir. Ça venait me chercher de voir tous les efforts déployés par les camelots pour arrondir leur fin de mois et pour se réinsérer dans la société. Je les trouvais braves et persévérants. »
Courageux camelots
Les camelots que l’on croise un peu partout dans la Ville de Sherbrooke ont l’important rôle de vendre le journal aux passants. Ils ont déjà côtoyé différentes ressources et, quand ils arrivent au journal, ils sont prêts à se prendre en main.
« Je trouve ça beau à voir!, souligne Karine. Ces personnes, souvent fragilisées, sont des ambassadeurs des efforts qu’ils ont investis eux-mêmes. Voir comment le Journal les soutient dans leur socialisation est une réelle fierté pour moi. Certains camelots étaient isolés et avaient peine à dire bonjour. Ils ont connu toutes sortes de traumatismes qui ont impacté leur vie. Le rôle de camelot les oblige à faire face au public, ce qui leur permet de jaser avec les gens et, par la même occasion, de briser leur isolement. »
Sortir des préjugés
Les camelots souffrent aussi des préjugés qui leur sont adressés alors que le processus qu’ils traversent n’est pas sans peine. « J’ai de la chance d’avoir pu rencontrer des êtres aussi gentils, intelligents et cultivés, soutient Karine. C’est pourquoi il faut aller au-delà de ses préjugés. Sinon, on risque de passer à côté de si belles personnes… »
L’histoire des camelots n’a pas été de tout repos. Souligner tout ce chemin parcouru serait à l’image de cette société que l’on souhaite édifier : ouverte, accueillante et bienveillante. Et cette société, Karine y croit : « Je suis amoureuse de l’humain! Peu importe ses origines, son parcours ou son statut social, chacun a sa place dans la communauté. Je suis persuadée que personne n’est foncièrement méchant. Il suffit de gratter un peu pour constater que tous aspirent à un monde meilleur. »
À l’issue de cette rencontre, je remercie infiniment Karine d’avoir pris le temps de partager et d’évoquer ces membres incontournables du Journal de rue pour lesquels elle a énormément de reconnaissance.
Laurence Salyères, CDC de Sherbrooke