J’ai appris à être une femme sans devoir en être une
« C’est une fille. », ont dit les médecins à mes parents qui, à leur tour, ont répété cette même phrase au reste de la famille. Dans un pays où avoir un garçon est une réussite, ma famille était-elle contente de cette nouvelle? Je ne le saurai jamais.
Je suis née et j’ai grandi au Mexique, un très beau pays, où le système patriarcal domine le jeu depuis toujours. Pendant toute mon enfance, je savais qu’il y avait quelque chose de différent avec moi. Je voulais entrer à la piscine en shorts, pas avec un maillot de bain rose; je voulais faire du sport, pas aller à des cours de danse. Je voulais jouer avec des Barbie, mais avec des Hot Wheels aussi. Toutefois, la réponse était toujours la même : « Non, ce sont des choses pour les garçons. » Pourtant, je ne me sentais pas comme un garçon, mais j’aimais des choses qui leur étaient exclusivement assignées. Ça m’a alors souvent amenée à me poser la question : suis-je vraiment une fille? Est-ce que j’aurais dû être née garçon?
Quelque chose de différent
Plus tard, à mes 11 ans, j’ai réalisé que, définitivement, il y avait quelque chose de différent avec moi. Je suis aux femmes. Les rôles de genre binaires cishétéronormatifs sont TELLEMENT établis au Mexique que je me suis souvent posé la question : est-ce que le fait de fournir plus d’argent dans une relation de deux femmes fait en sorte de ne pas en être une ? Est-ce que le fait d’avoir plus d’initiative que ma blonde me rend plus « masculine » ? Je sais que ça sonne niaiseux, mais ça avait plein de sens dans ma tête !
Le pire est arrivé quand j’ai suivi une formation d’automaquillage et qu’on devait faire un test pour savoir quel type de femme on était. J’ai eu une femme « sport ». Si on lisait entre les lignes, ça voulait plutôt dire que j’étais « peu féminine ». Je me suis incroyablement questionnée sur mon genre. Tout pointait au fait que, fort probablement, je n’étais pas une femme.
Mon arrivée au Canada
Ma vie a complètement changé lorsque je suis déménagée au Canada et que j’ai vu d’autres modèles : des femmes âgées célibataires, des femmes qui voyagent seules, des femmes qui ne portent jamais de maquillage et qui sont tout à fait à l’aise de cette façon. J’ai réalisé qu’il y avait plusieurs façons d’être une femme, qu’elles sont toutes valables et que c’est correct d’être une femme sans accepter ce que son genre implique. C’est correct de le construire à sa façon.
Ça, c’est mon histoire qui rentre dans les attentes de notre monde binaire. Alors maintenant, imaginez la pression que les personnes trans ou non binaires subissent pour rentrer dans le moule social de genre imposé tous les jours. Il existe beaucoup de façons de simplement « être ». Celles-ci sont toutes valables et méritent du respect.
Une employée du GRIS Estrie
À propos du GRIS Estrie
Le GRIS Estrie est un organisme à but non lucratif fondé en 2014 dont la mission est de favoriser une meilleure connaissance de la diversité sexuelle et de genre et de faciliter l’intégration des personnes LGBT+ dans la société.