Changer de regard

12 décembre 2024 | Par Pierrette Denault | Communautaire, Histoire, MRC des Sources, Société, vol. 21, no 6, vol. 22, no 1, vol. 22, no 6

Le Journal de rue de l’Estrie vous invite à profiter du temps des Fêtes et du début de cette nouvelle année pour changer votre regard sur les personnes en situation de précarité.

Pierrette Denault a rédigé une série d’entrevues avec des personnes vivant de la pauvreté qu’on peut lire dans ce recueil du Journal de rue de l’Estrie ▪ Source : Journal de rue de l’Estrie © 2023

Nous savons tous à quel point les préjugés sont tenaces lorsqu’il s’agit de pauvreté. On cultive à l’égard des personnes pauvres des idées préconçues, on prononce des jugements à la hâte, on ne mesure pas toujours les conséquences de nos paroles. Et si on se faisait collectivement le cadeau de regarder autrement, de remettre en question nos perceptions?

Le mépris a un prix

Prenons le temps d’observer les conséquences de nos préjugés — elles sont nombreuses et insidieusement enracinées. Les préjugés blessants stigmatisent les personnes visées. Se faire traiter de paresseux, de profiteur, d’irresponsable et même de coupable de sa situation n’a rien de productif. Qui peut le mieux mesurer les impacts de tels propos sur la personne que l’on dénigre? Poser la question, c’est y répondre. Dans le cadre de la rédaction du livre Livraison directe, j’ai eu l’occasion de recueillir des témoignages troublants à ce sujet. Plusieurs facteurs peuvent mener une personne vers une situation de précarité : maladie, guerre, perte d’emploi, violence, séparation, etc. De manière sournoise (ou même frontale), on pointe du doigt les personnes victimes de pauvreté. Les médias sociaux, les radios-poubelles pullulent d’exemples qui véhiculent des préjugés menant à l’exclusion. Conséquence : la personne pauvre à qui on martèle le message, et qui l’endosse bien malgré elle, finit par se mettre en retrait. Souvent même, elle se retire de sa vie familiale, de toute vie sociale.

Une citoyenneté à part entière

Qu’attendons-nous pour remettre à leur place les grandes gueules qui répandent leur venin au sujet des personnes pauvres? Nous avons ce pouvoir. Celui de faire preuve de compassion et de solidarité envers les plus démunis, de devenir leurs alliés… Si on changeait notre regard. Si on acceptait le fait qu’une personne vivant une situation de précarité a droit elle aussi à une citoyenneté à part entière, on contribuerait alors à l’aider à (re)trouver sa place dans la cité. Ensemble, mettons en pratique le proverbe amérindien suivant : « Ne juge aucun homme avant d’avoir marché avec ses mocassins durant deux lunes. »

« C’est notre regard qui enferme souvent les autres dans leurs plus étroites appartenances, et c’est notre regard aussi qui peut les libérer. » — Amin Malouf, Les identités meurtrières

La Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale définit la pauvreté comme étant la condition dans laquelle se trouve un être humain qui est privé des ressources, des moyens, des choix et du pouvoir nécessaires pour acquérir et maintenir son autonomie éco-nomique ou pour favoriser son intégration et sa participation à la société.

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