Plus qu’un travail de camelot

Je veux vous parler de ce que mon travail de camelot m’apporte, et ce, depuis mes tout débuts en 2016. Je travaillais alors pour la Chaudronnée, organisme sans but lucratif offrant des repas aux personnes vivant en situation de pauvreté, et ce, comme bénévole, lorsque Bernard, fidèle camelot du journal, m’a recruté.
Je me revois, les toutes premières fois, avec mon sac de journaux, à observer la rue, à constater les situations de précarité sociale, à faire des prises de conscience, à vouloir aider mon prochain plus que jamais. Et par le fait même, de constater que je n’allais pas simplement vendre un journal.
Au fil du temps, je me suis bâti une clientèle. Les gens, de toutes les classes sociales confondues, ont appris à me côtoyer, à me faire confiance : un lien indéfectible s’est tissé entre nous. Les gens me disent que je suis facile d’approche, jasant, accueillant, ils sont portés à se confier. Des partages, des témoignages, j’en ai reçu, sauvant même la vie d’une jeune femme une fois, il ne faut jamais sous-estimer l’impact qu’une parole, un geste peut avoir dans la vie d’une personne, cette fois-là, s’en fût tout un.
Lorsque je ne suis pas à mon poste de camelot, parce que je suis soit à la Chaudronnée, ou ailleurs, je m’ennuie de ma clientèle, de nos échanges, de nos partages d’outils de mieux-être. Chaque jour, après un shift, je retourne chez moi le cœur plus heureux, enrichi, réénergisé.
L’été dernier, il m’est arrivé un fâcheux accident : je suis tombé d’une toiture, me fracturant une vertèbre, ce qui a nécessité un arrêt de travail de deux mois. Je me suis laissé dire que mon absence de mes postes de vente n’est pas passé inaperçue. Les gens me cherchaient, s’inquiétaient. Mes collègues camelots ont su rassurer ma très chère clientèle, en lui mentionnant que j’allais bientôt revenir.
Je m’adresse maintenant à vous chers clients : merci de votre fidélité et de toutes ces marques d’appréciation à mon égard. Faire une différence dans votre quotidien et vous dans le mien, est un cadeau inestimable. Vous me donnez des ailes pour poursuivre ce merveilleux travail qui est bien plus que de vendre un simple journal. Tant et aussi longtemps que je vais avoir la santé, je vais être au poste.
Pour terminer, j’aimerais vous laisser avec ce message : peu importe ton âge, ton statut, ta nationalité, n’aie pas peur de prier, un jour tu auras une réponse à ta demande. Il suffit d’avoir la foi, elle est une force de plus dans ton bagage. Pour ma part, malgré un parcours difficile à certains moments de ma vie, la prière et la foi ont grandement contribué à rendre ma vie plus belle.
Merci, chers clients.
Avec la collaboration de Marie-Thérèse Lebeau, intervenante au Journal de rue