Nourrir le cœur en offrant du temps!
Le Québec compte plus d’un demi-million de personnes de 75 ans ou plus. Saviez-vous que parmi ces personnes près d’une personne aînée sur dix souffre d’isolement social sévère? Triste constat alors que leurs besoins augmenteront avec les années. Parmi les facteurs aggravant l’isolement, citons ceux-ci : le décès d’un conjoint, celui des amis, le fait de vivre seul, d’être malade, de voir ses capacités physiques et cognitives décliner et la pauvreté. Depuis 55 ans, l’organisme Les Petits Frères, grâce à son armée de bénévoles, s’active à briser cet isolement en créant autour de ces personnes vulnérables une famille engagée et fidèle jusqu’à la fin de leurs jours, peu importe leurs conditions. Le Journal de rue de l’Estrie est allé à la rencontre d’une Vieille Amie et de sa bénévole jumelée.
Un bal qui ne finit pas
C’est en septembre 2013 que madame Isabelle a participé pour la première fois à une activité organisée par Les Petits Frères. C’était jour de bal au manège militaire et elle s’était faite toute belle. La grande Jocelyne s’est approchée, s’est penchée vers elle : « M’accorderiez-vous cette danse, madame? » Depuis ce moment, elles sont devenues inséparables. « Il y a quelques années, j’ai perdu mon frère et ma sœur à quelques mois de distance. Je me suis retrouvée seule au monde. Quand Jocelyne est arrivée dans ma vie, elle m’a transmis le goût de vivre, elle me donne beaucoup de joie. J’aurai 94 ans bientôt. Je n’ai plus le goût de me laisser aller, je lis mes journaux sur la tablette, je fais des jeux de mémoire, la vie est loin d’être terminée », confie madame Isabelle. Parfois, la Vieille Amie reçoit sa bénévole chez elle; parfois, elles font des sorties ensemble. Un lien très fort les unit. Entre elles, confidences, rires et une grande tendresse. « Je me sens utile, dira Jocelyne, je sers à quelqu’un même à la retraite! » Et madame Isabelle d’ajouter que c’est bon de se sentir important pour quelqu’un.
Devenir bénévole
La moyenne d’âge des Vieux Amis est de 87 ans. Il y a en ce moment 210 bénévoles chez Les Petits Frères de Sherbrooke. Des hommes et des femmes de tous âges et en provenance de milieux différents. Tous répondent à des critères très stricts (ex : enquête de police aux trois ans), ils ont été triés sur le volet, ont suivi une formation de base pour être en mesure de bien remplir leur rôle. Tout est mis en place pour que le jumelage soit une réussite. Plusieurs personnes aînées sont en attente d’un ou d’une bénévole. L’invitation est lancée, avis aux intéressés! Le jumelage consiste en une rencontre deux fois par mois chez la personne aînée. Pour jaser, créer un lien. De plus, la Maison reçoit ses Vieux Amis deux fois par mois pour un repas et un après-midi d’activités. « Il règne chez Les Petits Frères une belle ambiance entre les bénévoles, on se croise lors des activités organisées par le personnel qui nous apprécie autant que nos Vieux Amis, affirme Jocelyne Lapointe. Ici on se sent libre, l’horaire est flexible. Il n’y a pas de contraintes. »
Un supplément d’âme
Depuis trente ans, le Domaine Juliette-Huot accueille chaque année, dans un décor enchanteur du Lac des Deux-Montagnes, les personnes du quatrième âge (75 ans et plus. Ces vacances de quelques jours, sans aucun frais – les activités sont toujours gratuites chez Les Petits Frères - sont comme un cadeau tombé du ciel pour plusieurs qui ne quittent pratiquement plus leur lieu de résidence! Le personnel et les bénévoles y offrent des courts séjours de ressourcement et de divertissement à des personnes qui vivent seules et isolées. Madame Isabelle garde un souvenir très net de ses deux séjours à Oka : « On est en pleine nature, on respire l’air pur, on vit des retrouvailles. On se laisse gâter et puis on se fait de nouveaux amis. »
Des fleurs avant le pain
Armand Marquiset, fondateur des Petits frères des Pauvres et homme marquant de l’histoire sociale du XXe siècle, avait pour devise de donner « des fleurs avant le pain ». Il signifiait ainsi sa volonté de privilégier la qualité des relations humaines, essentielles à tout être humain, et d’offrir aux aînés vulnérables bien plus que ce qui est utile, afin de redonner à leur vie tout son sens. C’est à cette mission que Les Petits Frères du Québec se dévouent depuis 55 ans : briser l’isolement des personnes âgées seules, les accompagner jusqu’à la fin de leur vie, peu importe leur condition, et s’adapter à leur situation pour répondre à leurs besoins, nourrir leur cœur, partager avec eux amour, joie et tendresse, et les aider à réaliser leurs désirs afin qu’ils se sentent vivants. Toutes les occasions sont bonnes pour offrir des fleurs avant le pain : lors de notre visite à la Maison des Petits Frères, au 1181 rue Bowen, nous avons pu admirer les magnifiques cabanes d’oiseaux décoratives qui se retrouveront bientôt dans les résidences des personnes aînées. Un rappel du lien qui les relie à l’organisme.
Campagne de financement : objectif 30 000 $
Beau temps mauvais temps, le samedi 9 juin se tient la 14e édition de la Cyclomarche Jean-Besré pour lancer la campagne de levée de fonds aux profits des Petits Frères de Sherbrooke. Plusieurs formules sont proposées : pour les cyclistes, pour les marcheurs, pour les coureurs. L’activité se déroule en présence de la présidente d’honneur, Marie-Thérèse Fortin. « Il est inadmissible, dit-elle, que tant de personnes du grand âge vieillissent et meurent dans la solitude, en pensant qu’elles ne comptent plus pour personne et que leur vie ne signifie rien. Les conséquences peuvent être désastreuses sur leur qualité de vie et leur santé. » L’objectif visé cette année est d’amasser 30 000 $. Les Petits Frères est un organisme sans but lucratif qui vit sans aucune subvention gouvernementale récurrente. Il est possible de faire des dons en ligne ou par la poste. Pour en savoir plus.: petitsfreres.ca/sherbrooke à