Être camelot pour sociabiliser
Benjamin d’une famille de sept enfants, Yvan Gosselin est né à Scotstown. Il y a vécu discrètement. Les drames ont semblé couler sur lui sans l’affecter, jusqu’à ce que les fièvres de l’alcool enflamment son cerveau.

À l’âge de 15 ans, Yvan est déménagé avec sa mère à East Angus. Il y est resté 26 ans à prendre soin d’elle, tout en fréquentant de drôles de lurons. Porté à la bagarre, il a bien connu les policiers de l’endroit. Les rôles s’inversaient alors. Elle avait de quoi s’énerver.
Yvan se souciait d’avoir toujours à manger. Quand il recevait son chèque mensuel, il garnissait le congélateur de pains et de saucisses à hotdog pour subsister le mois durant. Il consacrait le restant au steak liquide. Quelques revenus de menus travaux complétaient son budget.
À la mort de sa mère, Yvan a déménagé à La Patrie où il a dû gérer sa vie seul. Quand l’alcootest frisait la normalité, il sillonnait les routes de la région en bicyclette. Cependant, les relations avec les autres restaient difficiles. La Sureté du Québec devait intervenir.
Un jour, un patrouilleur qui le connaissait bien, pour lui jouer un tour a fait hurler la sirène de son auto pendant qu’il pédalait. Yvan s’en souvient de cette culbute! Habituellement, ces notes lui rappelaient un mauvais quart d’heure à passer. C’est cependant lors d’une nuit d’automne pluvieuse qu’il a connu sa pire aventure en cyclisme. Il a subi un grave accident en plongeant tête première dans un profond fossé. Cette chute lui infligea une fracture de trois vertèbres et le port d’un carcan pendant six mois. Il en conserve depuis des séquelles.
Recherches d’emploi
À Sherbrooke, il a suivi un cours en ébénisterie et a travaillé pour l’entreprise Charme à entretenir les abords des rivières locales. Il a aussi tondu des pelouses de terrains de golf. Quelques activités moins officielles lui ont valu d’autres contacts avec les justiciers.
Rencontré par Sylvain, un des camelots du Journal de rue de l’Estrie, Yvan a revu son style de vie.
Fidèle à son poste, il offre le Journal de rue à différents endroits dans Sherbrooke. On le rencontre à Saint-Élie et au Marché de la gare principalement. « J’aime ça, affirme-t-il, ça me permet de placoter avec les gens. »
Yvan se décrit comme quelqu’un de courtois avec la clientèle. Ce cheminement personnel est d’ailleurs fort apprécié. « Le monde dit que je fais une bonne job, dit-il en concluant. Même si je trouve ça dur de rester plusieurs heures debout, j’ai l’intention de faire ça longtemps. »