Travail du sexe ou exploitation sexuelle?
Un des plus grands enjeux causant des discordes chez les féministes est sans doute le sujet du travail du sexe.
Pour plusieurs, travailler dans l’industrie du sexe est automatiquement un synonyme d’exploitation sexuelle. Pour d’autres, la notion du consentement constitue un élément-clé dans la considération que l’échange de services sexuels contre de l’argent ou toute autre forme de rétribution correspond bel et bien à un travail. À ce sujet, la Fédération des Femmes du Québec (FFQ) a adopté une proposition à l’automne 2018 visant à reconnaître l’argentivité des femmes, ce qui constitue un gain important pour les travailleuses du sexe et leurs alliés et alliées.
Concrètement, cela signifie que la FFQ reconnaît « […] la capacité d’agir d’un individu, et donc son humanité et ses droits ». C’est donc dire que, peu importe le contexte social ou économique de la personne, elle est en mesure de prendre ses propres décisions, en fonction de sa réalité individuelle. En aucun cas, la position de la FFQ n’équivaut à accepter la violence que peuvent vivre ces femmes, et à tolérer les inégalités et les oppressions que plusieurs d’entre elles peuvent subir.
Considérer le consentement
Consentir signifie d’être en accord avec un acte quelconque, non pas seulement dans un contexte sexuel, mais bien dans tout aspect de notre vie. En reconnaissant le pouvoir de décision des femmes des métiers du sexe, nous légitimons leur consentement dans le cadre de leur travail, et ce, pour chacun des services offerts. Par exemple, une femme offrant des services d’escorte a tout à fait le droit de retirer son consentement et de refuser certains actes sexuels même si elle a reçu une contribution en retour. La croyance qu’une femme qui consent à échanger des services sexuels accepte tout ce qui survient pendant cette activité est fausse (violences, non-respect des limites, etc.)
De plus, il est également faux de croire que toutes les femmes qui se retrouvent dans des situations marginalisées par la société, tel que le travail du sexe, sont des victimes, et que leur consentement est invalide pour cette raison.
Les impacts
Que l’on adhère à une position ou une autre, il faut prendre conscience que nos préjugés à l’égard des femmes des métiers du sexe représentent une des plus grandes violences dont elles sont victimes. Cette stigmatisation les pousse à travailler clandestinement, donc à être plus à risque de subir de la violence. Cela représente aussi un obstacle à la recherche d’aide et de ressources dont elles ont besoin. Pourquoi ne pas chercher à comprendre cette réalité plutôt que de la juger?
Charlene Aubé, intervenante volet Catwoman IRIS Estrie
Tiré du numéro 6 vol. 17 du Journal de rue de l’Estrie