Ma première hospitalisation en psychiatrie
Même si la dépression, l’anxiété généralisée et les idées suicidaires ont fait partie de toute ma vie de jeune adulte, ce n’est qu’à partir de l’âge de 35 ans que je serai confiée aux bons soins d’un psychiatre. Il est le premier à avoir compris ma souffrance profonde et à avoir tenté de poser un diagnostic.
Je me rappelle encore notre première rencontre. Un homme mince, pas très grand, à l’allure sportive, passionné par son métier, soucieux de me mettre à l’aise pour que je puisse lui raconter ma vie jusqu’à aujourd’hui. Mince, pesant 110 livres, maquillée, vêtue pour un travail de bureau, avenante et souriante, je ne correspondais pas du tout à la conception de ce qu’est et ce à quoi ressemble la patiente d’un psychiatre.
Lors de la première rencontre, j’étais sous un feu roulant de questions. Je racontais en détails les différents jalons de ma vie, les symptômes, les sévices de tous ordres que j’avais vécus et certains que je vivais encore au moment présent.
Au printemps 1998, j’ai fait plusieurs essais différents de médication. Ce n’était jamais concluant ou carrément inefficace. Mais plus le temps passait, moins je me sentais capable de maintenir une façade qui me permettait de continuer à gagner ma vie.
En septembre 1998, le psychiatre m’a mis en arrêt de travail. Trois ou quatre jours plus tard, j’étais hospitalisée pour cinq semaines. Je me suis complètement écroulée. Je pleurais à gros sanglots, tout était cassé dans ma tête. Je ne pouvais faire un seul pas de plus.
Lors de cette première hospitalisation, j’étais complètement perdue, apeurée. Comble de l’ironie, je faisais une infection urinaire qui expliquait mes récents étourdissements et pertes de conscience presque complètes.
Au début, j’aurais aimé avoir des petites sorties comme certains autres patients. Je rêvais de boire un café digne de ce nom. Malheureusement, la médication prescrite était tellement forte que je ne tenais pas debout, littéralement. J’ai donc dû patienter.
L’année qui a suivi m’a paru très longue et monotone. Je dormais toute la journée, et la nuit je faisais des casse-tête de mille morceaux, je tricotais ou je tissais des napperons. J’ai rapidement perdu mon emploi sous un faux prétexte suite à mon hospitalisation.
À un certain moment, j’ai demandé au psychiatre de me référer à une diététiste, comme on les appelait en 1998. Mais j’étais incapable de me restreindre au point de vue de l’alimentation. J’aurais littéralement mangé les murs, tellement les médicaments que je prenais me donnaient faim. Alors essayer de maigrir, c’était peine perdue. J’aurais pu me rabattre sur l’exercice physique comme me l’avait conseillé mon psychiatre à plusieurs reprises, sauf que je dormais presque tout le temps.
Malgré toute cette année passée en suivis auprès d'un excellent psychiatre pour tenter de trouver le bon diagnostic, les bons médicaments et des solutions pour arrêter mon poids de grimper, rien n'y a fait. Et je suis loin d'être la seule à avoir vécu ou à vivre cette situation. Ma force réside dans ma persévérance et mon assiduité au traitement.