Usito : un dictionnaire québécois
David Goudreault, l’homme des mots, slameur et poète surgit un bon matin sur mon Facebook, enflammé, exalté, en verve tenant des propos frisant le dithyrambe. Il m’y présentait Usito, le dictionnaire de l’Université de Sherbrooke à télécharger gratuitement. « L’avenir appartient à Usito », s’exclamait-il alors.
Cette version, contrairement à la première mouture, s’utilise très facilement. Elle est même « addictive », terme que ce dictionnaire en ligne considère comme critiquable puisque son étymologie est empruntée à l’anglais. Le romancier et performeur qualifie l’œuvre de « travail de moine ». Il a fallu aux concepteurs quelque vingt ans pour réaliser cette dernière. Usito contient plus de 80 000 mots et 10 000 québécismes utilisés en contexte. Les curieux apprécieront les 40 000 citations tirées d’écrits journalistiques et littéraires. En tout, on dénombre au-delà de 100 000 définitions.
Ce qu’elles en pensent
Selon Hélène Laganière, une des instigatrices du projet, Usito se présente comme un ouvrage majeur en enseignement. Pour les nouveaux arrivants, il constitue un outil d’apprentissage essentiel. On peut écrire le mot désiré à partir d’une graphie approximative et Usito donne accès à plusieurs possibilités parmi lesquelles trouver le bon. Le répertoire a « une tolérance à l’erreur », se réjouit la linguiste, professeure associée à l’Université de Sherbrooke.
Isabelle Craig, animatrice de l’émission Pas banale la vie, sur Ici Première à Radio-Canada, décrit Usito comme le dictionnaire électronique où l’on trouve les québécismes, les particularismes typiques à notre usage et le français classique du Québec qui unit dans son lit la francophonie des Amériques et du monde. Elle a même utilisé en ondes le dictionnaire pour vérifier si « moinesse » était le féminin de « moine ». Eh non ! c’est « moniale », lui a-t-il été répondu.
Un dictionnaire qui nous ressemble
Ce dictionnaire nous ressemble parce qu’il rend compte de notre français standard comme celui utilisé par les institutions politiques et juridiques et dans les systèmes d’éducation, de sport, de l’alimentation, des peuples autochtones, de la faune, de la flore, de l’histoire, etc. On découvre aussi les vocables qui sont apparentés tels les synonymes et les antonymes sans oublier l’étymologie de ces derniers. On s’émeut de pouvoir utiliser des particularismes comme les acadianismes, des belgicismes et autres. Usito décrit les emplois critiqués et officialisés ainsi que les rectifications orthographiques. Plus de problèmes avec les sigles, les abréviations, les acronymes et les symboles! On peut même y chercher les gentilés, les toponymes et tout un lot de locutions. L’une de ses caractéristiques passionnantes, c’est l’explication de l’usage de beaucoup de mots, dont le « dont ». Quand utiliser « que » et quand choisir « dont » semble un casse-tête pour plusieurs. En consultant Usito, la question trouve sa réponse.
Pour les plus curieux, les pages d’articles thématiques regorgent de renseignements sur plusieurs sujets : la censure au Québec et la féminisation du vocabulaire n’en sont que deux exemples parmi près d’une centaine. S’immerger dans l’univers Usito, c’est comme entrer dans un spa de l’intellect. Et plus utilitaire aussi… Consultez ce génial dictionnaire sur le site d'Usito.