Le vieillissement de la population et la pauvreté

1 juin 2020 | Par Véronique Lemay | Aînés, Pauvreté, vol. 18, no 2, vol. 18, no 3

Le vieillissement de la population engendre son nombre d’enjeux politiques, économiques et sociaux. Notre société ne perçoit pas la vieillesse comme une contribution qui pourrait faire évoluer les communautés. Les ainés sont souvent isolés et victimes de préjugés liés au fait qu’ils ne sont plus employables. Et si on reconnaissait que la participation des personnes âgées à la société peut enrichir cette dernière de sagesse, de maturité et d’expérience?  

 Pauvreté et vieillesse 

Pour vous décrire les statistiques sur les revenus des personnes aînées, j’utiliserai deux mesures de calcul de la pauvreté. La première, la mesure du panier de consommation (MPC) qui représente le revenu nécessaire pour qu’une famille ou une personne couvre ses besoins de base soit 18 945$ en 2017. La deuxième, la mesure de faible revenu à 50% (MFR-50) qui correspond à la moitié du revenu médian des ménages soit de 23 513$ en 2017. Le gouvernement se base sur le MPC pour établir ses statistiques, mais cette mesure est fortement dénoncée, considérant que le seuil de pauvreté pour avoir une qualité de vie est d’environ 27 000$ pour la ville de Montréal.   

À l’échelle canadienne, selon le MPC, la pauvreté est passée de 4,9% en 2012 à 3,9% en 2017. Par contre, elle a augmenté selon le MFR-50, passant de 12,2% en 2012 à 15,4% en 2017. La même année au Québec, 3,5 % vivaient avec moins que le MPC tandis que 22,8% étaient sous le seuil du MFR-50, ce qui revient à dire qu’un ainé sur cinq vivait avec un revenu entre 18 012$ et 23 513$. 

 Cette pauvreté serait-elle  le fait d’une société qui ne prend plus en compte ses ainés ou à un choix délibéré de cette classe de la population qui, ayant acquis des immobilisations et différents biens, décide qu’elle n’a besoin que d’un modeste revenu pour vivre? Un peu des deux peut-être. Il est vrai que la société n’accorde pas un statut valorisant à cette classe citoyenne ne faisant plus partie du marché de l’emploi, mais cette non-employabilité n’est-elle pas un choix qui s’impose à un certain âge? Si, pour certains, il s’agit d’un choix de vivre avec moins de revenus, pour d’autres, ayant eu toute leur vie un salaire plus modeste, il n’y a pas de retraite dorée : ils paient leur loyer et leurs frais de subsistances de peine et de misère, avec leur pension insuffisante. L’effritement des familles, l’isolement et l’exclusion sont le quotidien de plusieurs ainés, la solitude est d’autant plus grande quand on souffre de pauvreté. 

 Une vie meilleure 

Plusieurs solutions s’offrent à la société pour améliorer le sort des ainés. Premièrement, l’amélioration des revenus. En leur accordant plus que la couverture des besoins de base, les ainés pourront participer plus activement à la société. Deuxièmement, des logements adaptés et accessibles. Le gouvernement devrait miser sur des logements sociaux et coopératifs afin d’améliorer les conditions de vie des ainés. Troisièmement, briser l’isolement des personnes âgées en venant soutenir les organismes communautaires qui offrent des activités et en favorisant leur prise de parole au sein de nos communautés.  

 Bref, je crois qu’il faut revaloriser les personnes du grand âge, leur donner une place en société, reconnaître leur contribution. La vieillesse n’est-elle pas source d’expérience et d’enseignement pour tout le monde? 

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