Santé mentale n’est pas synonyme de violence
Les 24 membres du regroupement des ressources communautaires en santé mentale de l’Estrie tiennent à s’adresser à la population estrienne et faire connaître leur position face aux différents propos et réactions entendus dans l’espace public suite à la tragédie de Québec.
Depuis 1998, les membres de notre regroupement qui œuvrent dans les neuf MRC (réseaux locaux de services en santé de l’Estrie) font la promotion d’une offre de services de crise bonifiée sur leur territoire. Ainsi les personnes en perte d'équilibre émotionnel et social recevraient les services dont elles ont réellement besoin au moment opportun et dans l’endroit le plus approprié pour leurs besoins. Un centre de crise communautaire pour accueillir ces personnes doit être mis sur pied rapidement. Celui-ci viendrait s'ajouter à une offre de services déjà existante qui agit en amont. Cette offre communautaire sous-financée en Estrie vise à prévenir l'émergence de situations de crise en forte augmentation.
Les organismes communautaires membres sont des lieux qui participent activement à la transformation sociale afin que chacun puisse y trouver sa place. Les personnes marginalisées peinent à se sentir accueillies dans leur diversité au sein de nombreuses communautés. Remplir sa vie de rêves, d’objectifs, de défis et de relations interpersonnelles enrichissantes permet de se construire et de se sentir plus fort face aux obstacles que la vie nous amène. Se sentir inclus comme une citoyenne ou un citoyen actif permet un équilibre de vie plus sain et valorisant, ce qui atténue les symptômes lors de période de déséquilibre.
La majorité de nos membres offre des milieux de vie où se côtoient, au quotidien, de nombreuses personnes qui expérimentent des problématiques diverses de santé mentale, et ce, sans actes de violence. Ils offrent des milieux sécuritaires et sécurisants où les épisodes de violence physique sont des exceptions et ne reflètent en rien l’image stigmatisante véhiculée quand survient un drame comme celui de Québec.
Nous travaillons aussi à développer des communautés à cette image. Voici quelques exemples mis de l’avant par les organismes membres pour y arriver : des activités sont créées pour briser l’isolement et s’entraider afin de tisser un réseau social qui détermine la qualité de notre santé mentale; des espaces d’expression des compétences citoyennes sont mis en place; des hébergements sécurisants et convenables permettent de pouvoir se mettre en action sans devoir constamment se soucier de dormir au chaud ou chez des inconnus.
L’insertion au travail est utilisée comme outil pour développer un sentiment d’utilité sociale et un pouvoir d’agir sur sa vie. Des luttes sont menées afin d’éradiquer la pauvreté et les conséquences de celles-ci chez les personnes touchées : sentiment chronique de survie, état de détresse psychologique, etc.
Il est urgent d’agir pour doter l’Estrie d’un Centre de crise communautaire et de bonifier l’apport des organismes communautaires en santé mentale en Estrie, comme il est urgent d’agir sur les déterminants sociaux de la santé mentale au Québec en commençant par la sécurité financière.