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Je m’enlise dans la fin du monde

1 avril 2021 | Par Pierrette Denault | Culture

Tenue en otage par Al-Quaïda pendant 450 jours, la jeune Sherbrookoise Edith Blais a vécu l’inimaginable ne sachant jamais à quel moment on l’arracherait à la vie. Un an après sa libération, elle publie un livre fulgurant au titre évocateur, Le sablier. 

Le sablier d'Edith BlaisTémoignage touchant qu’on savoure comme un thé à la menthe, à petites gorgées brûlantes. Raconté chronologiquement, le récit comprend 46 courts chapitres rassemblés en dix sections. Le lecteur suit pas à pas Edith et son compagnon d’infortune, Luca Tacchetto, dans un périple aux multiples rebondissements depuis leur rencontre redoutable avec des ravisseurs sans scrupules (à tout instant, ils pouvaient leur enlever la vie) jusqu’à leur disparition dans le désert du Sahara. Ce séjour périlleux, l’auteure le décrit dans ses moindres détails joignant à son texte des poèmes et des dessins qui ajoutent de la profondeur à la narration. Écriture-catharsis sans nul doute. 

Partie réaliser son rêve d’enfance de découvrir l’Afrique et son âme ancestrale, Edith va tomber dans une embuscade tendue par des soldats d’Allah le 17 décembre 2018. Luca et elle sont alors loin de se douter qu’ils passeront 450 jours entre les mains de djihadistes pour qui ils représentent une monnaie d’échange. Le sablier lève le voile sur le quotidien des otages : un véritable cauchemar où se succèdent, dans l’enfer du désert, les menaces à la pointe des kalachnikovs, les dangereux déplacements nocturnes sur des motos, deux séances de jeûne, la séparation des otages le 4 mars 2019 – elle sera privée de la présence de Luca pendant une grande partie de son séjour, ne sachant pas quel sort lui était réservé ni même si on l’avait exécuté -, les morsures d’insectes, la privation d’eau, le transfert aux mains des Touaregs, la soumission jusqu’à l’islamisation forcée! 

Comment ne pas sombrer dans la folie dans ces conditions? C’est l’une des nombreuses questions que se posera le lecteur d’un chapitre à l’autre. Edith raconte que la poésie, le dessin, le yoga et même le rire l’ont empêchée de tomber dans le gouffre du désespoir. Le livre se conclut par une lettre de Luca et un hymne à la vie. Aujourd’hui, Edith Blais est une femme lumineuse et reconnaissante envers toutes les personnes qui l’ont portée dans leur cœur durant sa captivité. Son livre atteste de sa remarquable résilience et d’un profond humanisme. 

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