Catégories :
Culture
vol. 19, no 2

Concerto pour la vie

1 avril 2021 | Par Pierrette Denault | Culture, vol. 19, no 2

Jean-Marc Lemay est un homme engagé depuis toujours. Aujourd’hui, il donne à lire la suite de Graffitis de mémoireun récit de vie dans lequel il relatait ses premières années jusqu’à la jeune vingtaine. Dans ce second tome, qu’il destine à ses enfants et ses petits-enfants, il formule le vœu qu’ils n’oublient pas leurs racines et qu’ils deviennent à leur tour des foetuseurs de rêves, comme il s’est efforcé de l’être lui-même tout au long de son existence. 

Concerto pour la vie Jean-Marc LemayConcerto pour la vie relate la vie de Manuel (alter ego de l’auteur) alors qu’il traverse la seconde moitié du siècle dernier. Le personnage principal est rarement en phase avec son époque. D’une première obédience (quatre années comme frère enseignant à Saint-Georges de Beauce), Manuel conserve de nombreux souvenirs (heureux et tragiques) qui ont jalonné son enseignement près de La Chaudière. La vie en communauté était, elle aussi, jalonnée de surprises de toutes sortes. Lors de sa deuxième obédience, Manuel se retire bien malgré lui de la vie publique : il est assigné au juvénat et doit se plier à de nouvelles exigences. « J’avais l’impression d’être entré dans une grotte pré-colombienne ou dans une chambre froide aux odeurs de sainteté », dit-il. Mais c’était sans compter sur le caractère indomptable de ce doux rebelleN’étant pas fait pour vivre en vase clos, Manuel allait faire ses marques en classe. Fort d’une formation toute récente, il allait s’engager dans le courant moderne de la révolution tranquille dans l’enseignement: étude des grandes œuvres littéraires, pièces de théâtre, ciné-club, etc. Pour le plus grand bonheur des élèves et parfois au grand dam de vieux frères scandalisés à la vue d’acteurs dansant en collants! C’est à l’école Sacré-Cœur de Windsor que Manuel (alias Jean-Marc Lemay) atterrit à la fin de juin 1967. Enfin un vent de liberté entre dans la vie de cet homme en soutane; enfin il se déploie. 

L’écriture de Jean-Marc Lemay est parfaitement maîtrisée – il a enseigné les langues pendant 37 ans. Poète à ses heures, il aime jouer avec la langue, sème un peu partout des jeux de mots, jongle avec les tonalités (tendresse? irrévérence?). Il cite, ici et là, des extraits de chansons, des poèmes (ceux de grands auteurs et les siens). Son plaisir d’écrire est palpable. 

Fresque d’époque, Concerto pour la vie dessine à grands traits (et parfois sur le ton de la confidence) les tenants et aboutissants de la carrière d’un enseignant dévoué, d’un homme libre qui aimait ses élèves et tentait de se tenir à la plus grande hauteur de lui-même. Le récit intéressera tout d’abord les proches de l’auteur, mais aussi ses anciens collègues et élèves et toute personne que la démocratisation de l’enseignement au Québec interpelle.   

Partagez
[TheChamp-Sharing]