Le club Vinland : Un professeur qui ose un projet novateur

1 juin 2021 | Par Jean-Marc Lemay | Culture, vol. 19, no 3

Ce film nous ramène à la fin des années quarante où les religieux dirigeaient et enseignaient dans toutes les écoles où tout le monde devait marcher au pas. « En avant marchons, soldats du Christ à l’avant-garde, en avant bataillon ». C’était la règle. Ces religieux avaient pouvoir sur tout : Le Directeur de la communauté sur les Frères, le Directeur de l’école sur les élèves et le personnel enseignant. Et si quelqu’un s’éloignait des directives, il était vite ramené à l’ordre avec des sanctions appropriées. 

Le club Vinland
Le club Vinland, un film réalisé par Benoit Plion (Iqaluit, Décharge, Ce qu’il faut pour vivre).

Dans ce film, Frère Jean offre aux étudiants un projet novateur et hors norme qui va rassembler et donner un sens nouveau à toute leur vie future. Convaincu que les Vickings avaient naguère certainement établi un camp près du Fleuve dans la région de la Malbaie, il leur propose de partir à la recherche d’artéfacts qui pourraient y être enterrés. Le Directeur d’école, quoique moins rébarbatif, est aux abois et le Supérieur de la Communauté, de sa grandeur plastifiée, refuse qu’un des siens sortent ainsi du rang. Frère Jean réussit quand même à mener ses élèves au bout de son rêve qui était devenu le leur. L’enthousiasme les enflamme, car ils viennent de découvrir une motivation à leurs études. Mais ce qui devait arriver arriva dû à une circonstance particulière. Ce projet rassembleur dérangeait parce que les pieds ne suivaient plus ce que la Tête avait décidé. Le supérieur provincial muta donc Frère Jean aux archives pour tranquilliser les troupes et leur indiquer ce qui se passerait si elles  quittaient le troupeau. 

Ce film veut montrer l’audace de certains enseignants qui ont marqué probablement leurs élèves pour la vie par leur créativité, leur innovation et leur esprit rassembleur dans un projet commun hors des sentiers battus. 

Les personnages de ce film y incarnent leurs rôles d’une façon extraordinaire qui suscite en nous l’admiration et aussi l’inconfort face aux refus de projets qui contiennent en eux la vie, la vraie, celle qui donne le désir de se réaliser, de se dépasser jusqu’au sommet  de sa propre nature. Ce film m’a ému et m’a montré comment sortir d’une pédagogie traditionnelle où on est assis devant un professeur et on l’écoute. 

Comme le dit si bien François Mauriac : « Nous tissons notre destin, nous le tissons de nous comme l’araignée sa toile ». 

Partagez
[TheChamp-Sharing]