Rebondir comme un chat

1 octobre 2021 | Par Pierrette Denault | Camelots, vol. 19, no 5

Lorsqu’elle rentre chez elle après ses heures de travail comme camelot pour le Journal de rue, Kathleen Girardelli est accueillie par Mine, son chat, son bébé. Quand elle me parle de lui, ses yeux et son visage s’illuminent. Pareillement quand elle me confie que ce chat de neuf ans si tranquille a appris, à force de sauter, à ouvrir tout seul des portes.

Belle et douce Kathleen, merci de faire partie de notre équipe.

Ce chat est un peu à l’image de sa propriétaire : confortable avec la solitude, mais débrouillard et heureux d’entrer en contact avec l’extérieur. En effet, Kathleen aime la paix, le calme. Elle est bien chez elle, fait du casse-tête - un mille morceaux ne lui fait pas peur -, regarde à la télé des films de zombies, de vampires où le sang coule à flots. Mais quand elle veut briser cette solitude, rien de mieux qu’une bonne jasette avec les intervenants du Journal de rue et ceux de La Chaudronnée. Elle apprécie grandement ces moments où elle se sent accueillie sans jugement par Greg, Moika, Suzanne et David.

Même si elle n’aimait pas particulièrement l’école, Kathleen a complété des études collégiales en relations publiques et comme agent correctionnel. La vie l’a plutôt entraînée ailleurs : après avoir travaillé chez Tim Hortons et Couche Tard, elle a consacré trois années à des compagnies d’inventaires. C’est ce qui lui a permis de voyager partout au Québec où elle a mis à contribution sa capacité de travailler en équipe et son bilinguisme – elle a fait ses études en Ontario dans les deux langues officielles. En 2000, elle suit sa famille qui s’installe définitivement au Québec; elle travaillera chez CAA-Québec au service routier d’urgence.

S’ouvre ensuite une période plus sombre de sa vie personnelle : ses vieux parents adoptifs sont gravement malades. Aidée de ses frères et sœurs, elle prendra soin d’eux à domicile jusqu’à la fin (en 2006 pour son père et l’année suivante pour sa mère) en gage de reconnaissance pour tout ce que les Girardelli ont fait pour elle. « C’était tout naturel, confesse-t-elle, de prendre soin d’eux alors qu’ils m’avaient adoptée à l’âge de trois ans. » Elle en livrera un témoignage dans la prochaine édition du Journal de rue.

Après une succession de thérapies suivies en Estrie, Kathleen s’installe dans la région. Son implication comme camelot lui permet de sortir de la solitude. « Ça me force à sortir de chez moi, à aller vers les autres. Je suis une grande solitaire. Ces deux sorties par semaine pour vendre le Journal, c’est ce qui me sauve. » Ce qu’elle ajoute est aussi très touchant : « Vendre le Journal de rue me permet de faire une meilleure épicerie, de m’acheter quelques gâteries. Grâce aux pourboires que me donnent les clients du Journal, je peux aussi m’acheter des cartes-repas à La Chaudronnée et de jolis vêtements au Comptoir familial. Je suis pauvre, mais j’aime être bien habillée! »

Kathleen a une grande capacité de rebondir. Comme son chat Mine, elle apprend à ouvrir des portes et à aller vers les autres. L’équipe du Journal de rue est heureuse de pouvoir compter sur sa collaboration et sa ponctualité.

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