Les deux Sarah
Cette année, plus de 130 poèmes inspirés par le thème « le silence » ont été soumis à Sherbrooke prend la parole. Le Journal de rue, associé à l’événement depuis quelques années, a dévoilé ses poèmes préférés - jugés ex aequo par le comité de production - que vous pouvez lire dans la page poésie de la présente édition : Ma tête qui ne bourgeonne plus de Sarah Gauthier et Tes mots de Sarah Badkoube, connue sous le nom de scène L’être persane. Les deux Sarah ont accepté de répondre à quelques questions lors d’une entrevue virtuelle.
JR : Qui êtes-vous? Présentez-vous en quelques lignes.
SG : Étudiante, chercheure et créatrice, je m'intéresse à la poésie québécoise contemporaine, dans toute sa diversité et sa multiplicité. J'habite à Montréal et je suis obsédée par les espaces habitables que l'on fuit puis réinvestit incessamment.
SB : Sarah Badkoube est mon vrai nom, celui de la vie de tous les jours, celui du travail (je suis psychologue) tandis que L’être persane est le nom de scène dont j’ai hérité à Lyon, et sous lequel j’écris, performe et partage des créations plus artistiques. On peut d’ailleurs suivre cette actualité-là sur les réseaux sociaux.
JR : Que représente la poésie pour vous?
SG: À mes yeux, la poésie permet de repenser l'utilité des choses, de nos environnements, de nos relations. J'ai commencé à écrire au début de mon baccalauréat en littératures de langue française en 2016. C'est aussi à ce moment que j'ai commencé à lire beaucoup de poésie de l'extrême contemporain. J'affectionne tout particulièrement les oeuvres de Rose Eliceiry, Marie-Andrée Gill et Anne-Marie Desmeules.
SB : La poésie, l’écriture en général, sont pour moi thérapeutiques. C’est mon médium principal, celui qui m’aide le plus à faire du sens sur les choses, intégrer, comprendre, réfléchir, avancer. J’écris depuis que je sais écrire écrire. J’ai un grand amour pour la poésie de Jacques Prévert. Et dans les dernières années, j’ai découvert Rupi Kaur, qui me bouleverse.
JR : Sarah Gauthier, les symboles sont très porteurs dans ton poème Ma tête qui ne bourgeonne plus. À ton avis, qu’est-ce qui t’habitait particulièrement au moment d’écrire ce poème?
SG : Un mélange d'écoanxiété, d'envie de connexions significatives, de moments de repos et de mélancolie latente. C'est avec des projets comme les nôtres que la poésie parvient à toucher les regards inavertis.
JR : Sarah Badkoube, ton poème est habité par une sorte d’errance nocturne. À qui fais-tu référence?
SB : Ce qui m’habitait était l’injustice de la mort de Raphël André, itinérant autochtone, aux portes d’un refuge fermé à Montréal pendant la période de couvre-feu. C’est le dégoût et la tristesse provoqués par l’actualité dans tout ce contexte qui m’ont inspiré ce texte.