C.R.A.Z.Y.

1 avril 2022 | Par Érick Gauthier | Culture, vol. 20, no 2

En hommage à Jean-Marc Vallée

Le 25 décembre 2021, le Québec a perdu un de ses plus grands réalisateurs, Jean-Marc Vallée. Né en 1963 à Montréal, il réalise d’abord des vidéoclips avant de démarrer véritablement sa carrière de cinéaste en 1995 avec Liste noire. Il réalisera plusieurs longs métrages, dont le très populaire C.R.A.Z.Y., sorti en 2005. J’ai décidé de revoir ce film pour en faire la critique et ainsi vous aider à décider si vous devriez le visionner à votre tour.

Le film C.R.A.Z.Y. raconte l’histoire d’une famille québécoise dans les années 1960 et 1970. Il met en vedette Michel Côté dans le rôle d’un père de famille plutôt traditionaliste et il campe Danielle Proulx dans le rôle d’une mère aimante et pieuse. Nous y suivons surtout l’enfance d’un de leurs fils, Zachary (Marc-André Grondin), qui se sent « différent ». L’adolescent s’interroge sur sa sexualité et refuse d’« admettre » qu’il est peut-être homosexuel (ou bisexuel, l’interprétation demeure ouverte). Durant l’essentiel du film, Zachary cherche à se « guérir » de ses désirs refoulés, qui créent un grand froid dans sa famille.

Dans un foyer où la religion est très importante, le père doit aussi composer avec le grand frère de Zachary, Raymond (Pierre-Luc Brillant), un consommateur régulier de marijuana. Lorsque la famille découvre que celui-ci se drogue, on lui demande de quitter le nid familial. À ce moment, Gervais, le père, n’a pas encore pleinement compris ni accepté que Zachary ressent des attirances envers les hommes.

Sur fond de musique d’époque (Pink Floyd, David Bowie et Jefferson Airplane, pour ne citer que ces exemples), le film aborde les thèmes de la relation père-fils, de la tolérance et de l’amour avec une sensibilité extraordinaire. Le jeu des acteurs est sublime ; plusieurs scènes sont poignantes et remplies d’émotions. Malgré le sérieux du sujet, le long métrage comporte plusieurs passages plus drôles. Attention cependant aux oreilles sensibles : le langage peut être jugé assez vulgaire ! En revanche, aucune scène de sexualité crue n’y est présentée.

Le film mérite d’être vu, autant pour le jeu des acteurs que pour les sujets abordés. Fait intéressant, le titre C.R.A.Z.Y. est le nom d’une chanson de Patsy Cline (incluse dans la trame sonore du film) qu’on a utilisé pour créer un acronyme composé des prénoms des cinq frères : Christian, Raymond, Antoine, Zachary et Yvan. En 2015, le Festival du Film de Toronto a classé ce long métrage parmi les dix meilleurs films canadiens de tous les temps.

Il est possible de louer le DVD original à la bibliothèque Éva-Senécal, ou encore d’en visionner une version restaurée sur Illico et sur iTunes. Bonne écoute !

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