Un salaire minimum pour sortir de la pauvreté !
Si vous vous intéressez aux revendications entourant le salaire minimum, vous avez surement entendu parler du fameux 15 $ de l’heure, revendiqué dans la province depuis plus de 6 ans. Peut-être avez-vous même entendu parler de la nouvelle revendication du 18 $ de l’heure. Des regroupements tels que le Collectif pour un Québec sans pauvreté ainsi que la majorité des centrales syndicales penchent pour ce nouveau montant. Pourtant, cette nouvelle revendication en fait sourciller plusieurs; ce texte a pour but de démystifier les impacts qu’ont les fluctuations du salaire minimum sur l’économie et les individus.
Tout d’abord, il est important de souligner que 18 $ de l’heure, c’est le salaire minimum à atteindre si l’on souhaite qu’une personne qui travaille à temps plein sorte réellement de la pauvreté, basé sur trois indicateurs différents. De plus, les groupes communautaires et syndicaux ne sont pas les seuls à revendiquer une hausse substantielle du salaire minimum : certains entrepreneurs, comme le président du CA de Cogeco, recommandent même d’augmenter ce montant à 20 $ de l’heure ! Face à ces annonces, plusieurs personnes s’inquiètent, notamment de l’impact sur l’inflation, sur les conséquences pour les entreprises et sur l’attraction des emplois ayant un salaire proche du 18 $.
Tout d’abord, il faut dire que la peur des effets apocalyptiques sur l’économie, avancés par certains économistes, ne repose en fait sur absolument rien ! Les plus fortes augmentations du salaire minimum qui ont été étudiées n’ont ni apporté de hausse de l’inflation ni entrainé de pertes d’emplois massives voire de fin du monde. C’est plutôt l’effet inverse qui a été observé; soit une diminution des faillites des PME et des TPE et une stimulation des économies locales. Ceci s’explique par un plus grand pouvoir d’achat des salariés à faible revenu conséquemment à une hausse substantielle de leur salaire, ce qui engendre plus de consommation dans les petites entreprises locales et une plus grande activité économique générale.
La tendance démontre que les employeurs gardent les taux horaire concurrentiels face au salaire minimum pour attirer la main-d’œuvre désirée et pour conserver celle déjà présente. Ainsi, un employé qui gagne un taux horaire plus élevé que le salaire minimum verra probablement son propre salaire augmenter afin de conserver cet avantage.
En ce moment, celles et ceux qui travaillent 35 heures par semaine au salaire minimum n’ont pas assez d’argent pour répondre à leurs besoins sans faire de sacrifices et sans compter chaque cent. Améliorer leur sort n’est pourtant qu’une question de volonté politique et envisager des scénarios catastrophes à la suite d’une augmentation du salaire minimum ne repose sur aucune donnée concrète.
Il n’y a donc aucune raison, qu’elle soit économique ou morale, pour que des centaines de milliers de Québécois et de Québécoises travaillant à temps plein soient contraints de vivre dans la pauvreté. C’est pour cela que la Table d’Action Contre l’Appauvrissement de l’Estrie joint sa voix au Collectif Minimum 18 $ et revendique un salaire permettant de sortir de la pauvreté en travaillant à temps plein.
Pour en savoir plus sur le sujet, consultez les réflexions sur le salaire minimum à 18 $ sur le site tacaestrie.org.
Jean-Philippe Benjamin, agent à la vie associative à la Table d’action contre l’appauvrissement en Estrie