Éducation à l’UdS : Quand la classe change d’air
Profiter du quartier de l’école pour parler d’histoire ou pour trouver l’inspiration d’un projet artistique. Utiliser la nature comme cadre d’apprentissage de la résolution de problèmes en mathématiques. Sortir dans la cour d’école pour développer son vocabulaire en français à partir d’observations dans le milieu… L’éducation en plein air est un concept séduisant qui connait une grande popularité présentement, tellement que Jean-Philippe Ayotte-Beaudet a décidé d’y consacrer une chaire de recherche.
Si le milieu scolaire s’entend depuis longtemps sur le fait que l’éducation en plein air est profitable pour l’apprentissage et le développement des jeunes, le milieu de la recherche s’y intéresse seulement depuis quelques années. Le professeur Ayotte-Beaudet est d’ailleurs l’un des experts en la matière les plus reconnus au Québec, ayant déjà quatre recherches subventionnées à son actif sur ce sujet depuis le dépôt de sa thèse en 2018!
La Chaire de recherche sur l’éducation en plein air reçoit un appui financier de 625 000 $ sur cinq ans de la part du ministère de l’Éducation. « Enseigner dehors, en plein air, a de nombreux bienfaits que l’on commence seulement à mesurer. Cette chaire permettra de documenter et d’observer ce qui se passe en ce moment en plus d’accompagner, dans le futur, les enseignantes et les enseignants voulant développer cette compétence professionnelle. Ce projet s’inscrit parfaitement dans le Plan de relance pour la réussite scolaire que nous avons lancé en 2021 », a mentionné Mme Isabelle Charest, ministre déléguée à l’Éducation et ministre responsable de la Condition féminine.
Pour le titulaire de la chaire, le professeur Jean-Philippe Ayotte-Beaudet, il est primordial de connecter les jeunes à la nature et de favoriser des contextes concrets d’enseignement. « L’éducation en plein air, c’est d’abord et avant tout un changement de paradigme par rapport aux enseignements généralement vécus en classe. Les élèves deviennent au centre des apprentissages et ils peuvent véritablement mobiliser leurs acquis dans des contextes très concrets pour eux. Ces lieux permettent également aux élèves de se connecter à la nature et d’être physiquement plus en action. »
Selon lui, malgré de nombreuses données positives dans la littérature scientifique, plusieurs questions de recherche doivent être approfondies : quelles sont les situations d’apprentissage pour lesquelles l’éducation en plein air a une valeur ajoutée par rapport à l’apprentissage en classe? Comment l’éducation en plein air et
l’apprentissage en classe peuvent-ils être complémentaires? Quelles sont les pratiques d’enseignement qui permettent le mieux de s’adapter aux défis de l’éducation en plein air? Quelles sont les variables qui influencent les trajectoires des pratiques d’enseignement en plein air au regard des individus, des contextes et des intentions pédagogiques?
Les travaux de la Chaire de recherche sur l’éducation en plein air (CRÉPA) porteront autant sur les pratiques enseignantes que sur les retombées de l’éducation en plein air pour les élèves au préscolaire, au primaire et au secondaire.
« À l’Université de Sherbrooke, nous sommes reconnus pour nos recherches ancrées dans les milieux de pratique, et les travaux du professeur Ayotte-Beaudet n’y font pas exception. Il a d’ailleurs été au cœur de notre démarche, à l’été 2020, ici même à l’UdeS afin d’offrir un campus éclaté et des espaces extérieurs que nous avions aménagés sur le campus afin d’offrir le maximum de classe en présentiel au début de la pandémie. Grâce à l’excellence de ses travaux, le professeur Ayotte-Beaudet est aujourd’hui un expert reconnu dans le milieu et l’Université de Sherbrooke est particulièrement fière du lancement de cette chaire qui permettra de mieux orchestrer les interventions variées au bénéfice des apprenants », a affirmé le vice-recteur à la recherche et à l’enseignement supérieur, le professeur Jean-Pierre Perreault.
Préparer le terrain de jeu
Dans un premier mandat de cinq ans, la Chaire se concentrera surtout sur l’établissement d’une base solide de recherche : recrutement de stagiaires et de personnes étudiantes d’ici et d’ailleurs, développement de la communauté de pratique et maillage entre les disciplines, entre autres. La chaire visera ainsi à propulser ce créneau de recherche à un niveau mondial et de fournir au milieu de l’enseignement des outils et des conclusions de recherche en fonction des découvertes des chercheurs.
Félix Berrigan est professeur à la Faculté des sciences de l’activité physique de l’UdeS. Ses travaux de recherche portent principalement sur les effets de la pratique d’activité physique des enfants et des adolescents ainsi que sur les facteurs prédisposant aux apprentissages scolaires. Lui qui préside le comité scientifique de la nouvelle chaire en voit déjà les effets positifs chez les jeunes.
« Les données qui ressortiront des travaux de recherche menés dans le cadre de la Chaire permettront d’identifier et de mieux comprendre les différentes modalités pédagogiques et les contextes d’éducation en plein air qui influencent les apprentissages et favorisent l’adoption d’un mode de vie physiquement actif chez les élèves. Éventuellement, cela permettra d’adapter les infrastructures scolaires afin de maximiser les potentialités de l’éducation en plein air et de développer davantage de ressources pédagogiques pour les personnes enseignantes », soutient le professeur Berrigan.
Il n’y a rien comme le « terrain » pour comprendre des concepts qui autrement demeurent abstraits pour plusieurs. Les environnements à proximité des écoles ont cet avantage d’être bien réels. Ces lieux peuvent également être le point de départ de situations d’apprentissage dans le cadre desquelles les élèves développent et transfèrent leur capacité à faire des observations scientifiques, à se poser des questions et à expérimenter. Pour mieux y voir clair, l’équipe de la Chaire veut comparer les situations d’apprentissage réalisées au contact de la nature en plein air et les situations d’apprentissage réalisées uniquement à l’intérieur en classe.
Défis, solutions et boules de neige
Enseigner à l’extérieur pose de nombreux défis, on s’en doute. Les conditions météo, notamment en hiver, en constituent un de taille! Si la recherche ne peut rien contre les caprices de la météo, elle peut certainement identifier les bonnes pratiques et les manières d’optimiser la complémentarité de l’éducation en plein et celle en classe.
Quant aux personnes enseignantes, elles ont beau trouver l’idée de la classe extérieure séduisante, elles ne sont habituellement pas formées en éducation en plein air. En plus de les impliquer dans les projets de recherche, l’équipe de la Chaire entend organiser entre autres une école d’été – sûrement en plein air! – pour aider les enseignantes et enseignants à intégrer cette pratique.
Enfin, toute cette nouvelle connaissance ne manquera pas d’enrichir les contenus de formation de la relève dans les facultés d’éducation au Québec, ce qui normalement devrait faire boule de neige…
Quelques mots sur le titulaire
Expert dans le domaine de l’enseignement et l’apprentissage des sciences en plein air au primaire et au secondaire, le professeur Jean-Philippe Ayotte-Beaudet s’intéresse plus particulièrement à l’effet des contextes d’enseignement sur la qualité des apprentissages, afin que les élèves vivent des expériences signifiantes à l’école. Son expertise et son leadeurship ont été particulièrement sollicités avec la pandémie, alors qu’il a entre autres coordonné le volet pédagogique de l’implantation de classes extérieures à l’Université de Sherbrooke. Ce projet l’a conduit à rédiger deux guides à l’intention des directions d’établissements d’enseignement supérieur et des personnes formatrices, et à créer le site Web sciencesdehors.com, en collaboration avec des enseignantes et enseignants.
Geneviève Lussier, conseillère en relations médias
Service des communications | Université de Sherbrooke