Crise du logement à Sherbrooke

1 juin 2022 | Par Nancy Mongeau | Société, vol. 20, no 3

Qui croit encore qu’elle n’existe pas est déconnecté de la réalité des personnes à faible et à modeste revenu. La crise du logement est pire que jamais au Canada et seule Toronto semble avoir été épargnée depuis le début de la pandémie. À Sherbrooke, on affronte l’une des pires situations vécues à ce jour.

Certes, les beaux et dispendieux logements ne sont pas si difficiles à trouver, et encore! Au cours des dernières semaines, le sujet a fait la manchette : le taux d’occupation n’a jamais été aussi élevé à Sherbrooke. Avec l’inflation générale, le prix des loyers augmente aussi en flèche, une situation particulièrement difficile pour les locataires.

Situation actuelle

Selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement, le prix moyen des appartements de deux chambres à Sherbrooke est passé de 671 $ en 2020 à 727 $ en 2021, alors que le taux d’inoccupation est descendu cette année à 0,9 %… du jamais-vu! Tout cela a pour effet de faire monter les prix pour l’ensemble des locataires et d’inciter certains acheteurs de logements locatifs à procéder à des rénovictions (un phénomène qui consiste évincer les locataires afin de rénover les logements en vue de les louer plus cher).

L’été dernier, 70 ménages sherbrookois n’ont pu se trouver un logement avant leur date de déménagement et se sont retrouvés sans toit. Le taux d’inoccupation était alors de 1,3 %. En 2021, le nombre de personnes se retrouvant à la rue le 1er juillet a doublé par rapport à 2020 et triplé comparativement à 2019.

L’Association des locataires de Sherbrooke, un organisme consacré à la défense des droits de la personne, est submergée d’appels de gens en détresse inquiets de n’avoir pas trouvé de nouveau logement avant la fin de leur bail. On prévoit qu’à la date fatidique, cette année marquera un record de personnes n’ayant pu être relogées.

La Ville de Sherbrooke et l’Office municipal d’habitation de Sherbrooke (OMHS) collaborent étroitement avec l’Association des locataires afin d’éviter que les gens se retrouvent à la rue le jour de leur déménagement. Pour adresser une demande d’aide temporaire au logement, on doit communiquer directement avec l’OMHS par téléphone (819 566-7868, poste 255) ou par courriel (sarl@omhsherbrooke.qc.ca). Des informations sont aussi disponibles en ligne.

Comment joindre les deux bouts?

Quand on constate le prix des loyers à Sherbrooke, on peut se demander comment une personne à faible revenu peut arriver à vivre. J’en ai cherché, des loyers pas chers. J’ai trouvé un 2 ½ à 550 $ par mois, chauffé, semi-meublé; des chambres à louer pour étudiants seulement; un 1 ½ à 525 $, chauffé. Rien de luxueux, je vous rapporte ici les plus bas prix trouvés actuellement sur le marché sherbrookois.

Le revenu d’une personne seule qui vit de l’aide sociale est de 726 $, auxquels il faut ajouter 88 $ si elle a droit au maximum du crédit d’impôt pour solidarité et un 150 $ si elle est jugée inapte au travail. De base, la somme mensuelle est donc de 814 $ pour payer un tout petit logement qui vaut plus de 500 $. C’est avec moins de 300 $ en poche qu’elle paie son épicerie et ses autres factures mensuelles (télécommunications, transport, électricité, etc.). Elle doit acheter une paire de bottes cet hiver? Bonne chance. La vie est d’autant plus dure pour les personnes qui n’ont accès ni au logement social ni à un médecin pouvant diagnostiquer leur inaptitude au travail.

Espérons que les gouvernements de tous les paliers investissent massivement de l’argent dans le logement social, car cette crise risque de perdurer.

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