La désinformation des anti-choix encore trop d’actualité

Le droit à l’avortement n’a pas toujours été accordé. Pendant longtemps, les femmes ont vécu dans la terreur des broches à tricoter et autres méthodes dangereuses pour interrompre leur grossesse au péril de leur vie. Elles en avaient assez de vivre dans la peur et la honte de devenir enceinte au mauvais moment, car une loi adoptée en 1869 rendait passible d’emprisonnement à perpétuité l’avorteur, l’avorteuse ou l’avortée. Ainsi, la femme qui provoquait son propre avortement risquait jusqu’à 7 ans de prison.
Depuis, de nombreuses actions ont été entreprises pour que le 28 janvier 1988 la Cour suprême du Canada décriminalise l’avortement. La Cour a statué que les femmes sont les seules responsables de leur décision d’interrompre une grossesse et qu’elles ont droit à « la vie, la liberté et la sécurité de leur personne ».
En contrepartie, des organismes distribuent des publicités mensongères afin d’influencer les femmes dans une éventuelle décision d’interrompre leur grossesse. La démystification est toujours d’actualité et nous devons encore lutter et manifester pour la sécurité des femmes et des personnes. Nous devons conscientiser, informer et défaire les discours anti-choix culpabilisants et manipulateurs dont nous sommes entourés.
Des actions inquiétantes
Cet automne, Sherbrooke a été témoin d’une première vigile « 40 jours pour la vie » organisée par le mouvement Campagne Québec Vie, un OSBL fondé l’année suivant la décriminalisation de l’avortement qui prétend que le choix d’interrompre une grossesse ne revient pas à la femme et qui s’oppose à la laïcité de l’état.
Cet hiver, un député de Coalition Avenir Québec a accordé du financement à un groupe qui se positionne contre l’avortement, alors qu’un autre a présidé une soirée bénéfice en plus d’offrir de l’argent. Ces députés s’étaient trouvés interpellés par le volet soutien vestimentaire pour les enfants. Il est cependant important de comprendre que l’objectif de ce groupe est de dissuader les femmes de choisir l’avortement.
Pendant ce temps, un groupe de London en Ontario distribue dans les boîtes aux lettres des dépliants accompagnés de photos de fœtus prétendument avortés et affiche des pancartes dans les rues. Le conseil de cette ville essaie de voter une loi pour interdire cette pratique.
Des appuis
Le gouvernement fédéral s’engage à cesser d’accorder le statut d’organisme de bienfaisance aux organisations anti-avortement. Il promet aussi de fournir jusqu’à 10 millions de dollars à Santé Canada pour développer un portail facile d’accès qui aurait pour but de contrecarrer directement la désinformation sur l’avortement. Bien que nous soyons optimistes quant à ces engagements, nous devons nous assurer que le ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos, accorde la priorité à la santé sexuelle et reproductive en plus d’agir pour mettre fin aux activité anti-choix y compris la désinformation volontaire.
Quand laissera-t-on aux femmes leur autonomie personnelle dans les décisions importantes touchant intimement leur vie privée?
Johanne Bilodeau
Collectif pour le libre choix