L’histoire du célibat

1 juin 2022 | Par Eugénie Marchand | Société, vol. 20, no 3

« Il faut se marier à tous les mois de mai », chantait Frida Boccara. Le rythme berceur de sa chanson m’a toujours fascinée. Un jour cependant, comme si Socrate avait fait irruption dans mon esprit, les paroles de cette pièce ont suscité en moi une réflexion, un questionnement sur ceux et celles pour qui il n’y a pas de mois de mai : qu’en est-il de ces personnes qui par choix conscient ou par soumission à diverses circonstances « vivent en solo », les célibataires? Cette pensée m’a amenée à m’interroger sur l’histoire du célibat et des célibataires.

Le Grand dictionnaire étymologique du français nous apprend que, par opposition à la vie de couple et à la vie familiale, la solitude est souvent la compagne du célibat; en ce sens, l’appellation célibat est fidèle à son étymologie.

Au-delà de la genèse du mot célibat, il y a l’histoire du célibat comme état de vie. De façon générale, le célibat se définit par l’absence de mariage. En parcourant l’Histoire du célibat et des célibataires de Jean Claude Bologne, nous découvrons les aléas du célibat depuis l’Antiquité à nos jours. Tantôt imposé, tantôt pénalisé.

« Dans les civilisations antiques, la religion fonde le mariage », nous apprend Bologne. Sous les rites nuptiaux est dissimulée une loi qui sauvegarde les générations et le culte des ancêtres : l’interdiction du célibat. Demeurer célibataire c’est renoncer à la tradition qui veut des enfants pour assurer les rituels envers les défunts et recueillir l’héritage des prédécesseurs; c’est contrevenir à un ordre social ou religieux. Ainsi, à la chaîne des corps assurée par les générations s’ajoute la chaîne des âmes assurée par le mariage.

À Rome, on imposait une taxe sur le célibat. À l’époque d’aoûte, les célibataires détenaient la palme de la popularité; les pères de famille qui entouraient le monarque étaient en nombre restreint. Cette défaillance démographique et l’engouement pour le célibat étaient insécurisants pour la position de l’empereur. Donc, par ceux qui sont demeurés célibataires, une amende doit être versée au trésor pour venir en aide aux familles nombreuses.

Au sein de l’Église, le célibat prend le visage d’une loi imposée aux hommes par d’autres hommes. Le célibat a été imposé aux prêtres catholiques lors du Concile du Latran en 1123. Ce n’est pas une exigence ecclésiastique, mais des communautés de moines et d’ascètes qui furent les premiers à imposer la chasteté perpétuelle.

Le célibat contemporain, pour sa part, relève davantage d’un choix libre. La diversité de modes de vie célibataire rend au célibat une définition nouvelle et plus vaste.

Tant de choses à découvrir sur l’« histoire des célibataires ». L’espace et le temps m’invitent à interrompre ce bref exposé d’un vaste sujet, qui pourra être élaboré dans des textes subséquents.

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