Qu’est-ce que le contrôle coercitif?
La violence conjugale ne se manifeste pas seulement par une série d’actes répétitifs et précis, mais également par « des stratégies invisibles telles que les menaces voilées, l’isolement ou les restrictions imposées par l’agresseur ». C’est ce qu’on appelle le contrôle coercitif.
Le contrôle coercitif se manifeste par différentes stratégies de domination qui permettent aux agresseurs de maintenir l’emprise sur leur famille. Ces tactiques peuvent être subtiles mais tout aussi dévastatrices, car elles briment la liberté, la dignité et l’égalité des victimes. La personne qui subit un contrôle coercitif est continuellement critiquée, surveillée et soumise à toutes sortes de règles imprévisibles et changeantes. La victime peut se sentir isolée, intimidée et effrayée.
Le contrôle coercitif peut se traduire par toutes sortes d’actes et de stratégies :
- des actes de violence : coups, contrainte à des rapports sexuels, séquestration;
- de l’intimidation : menaces de se suicider, de partir avec les enfants;
- du harcèlement : minutage des activités, surveillance des contacts, fouille des tiroirs ou du sac à main;
- des humiliations : rituels dénigrants, obligation à voler;
- de l’isolement : menaces ou violences envers les membres de la famille, interdiction d’appeler ou de visiter, obligation à choisir entre lui et son réseau, comportements embarrassants lors de réunions de famille, obligation de rester à la maison;
- des privations : de ressources financières, de médicaments ou de soins médicaux;
- de l’exploitation : contrôle de l’argent ou obligation à payer toutes les dépenses;
- l’imposition de règles : sur la manière de s’habiller, de cuisiner, de prendre soin des enfants.
Il peut être difficile de détecter les manifestations du contrôle coercitif. De l’extérieur, l’agresseur peut paraître attentionné et charmant. Voici un exemple qui illustre bien le concept :
« Il était si attentionné au début. Il me disait toujours qu’il croyait en moi et il m’encourageait tout le temps. Mes amies et ma famille l’adoraient. Je ne sais pas à quel moment précis cela a changé. C’est arrivé petit à petit. Au début, c’était avant mon départ au travail. Il me demandait de changer de vêtements, en disant que ce n’était pas approprié. Par la suite, peu importe ce que je portais, il me critiquait et m’accusait d’avoir des amants au travail. Il a commencé à venir fréquemment à mon travail. Parfois, il m’apportait un café, parfois un lunch. Mes collègues le trouvaient si attentionné. Ils ne savaient pas qu’il faisait tout cela pour me surveiller. Il s’est mis à surveiller mes courriels, mes appels, mes déplacements. J’avais honte de dire à mes collègues ce qui se passait... J’ai fini par quitter mon travail. Je ne savais plus qui j’étais. »
Arina Grigorescu
Mathilde Trou
Sandra Trottier
Ce texte est extrait du Guide pratique à l’intention des employeurs, des syndicats et des employé·e·s, publié en 2021 par le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, dans la foulée du programme de sensibilisation Milieux de travail alliés contre la violence conjugale. Il est reproduit avec l’autorisation des ayants droit et à la demande de La Bouée, une maison d’hébergement pour femmes et enfants victimes de violence conjugale située à Lac-Mégantic.