Les soins du lotus
J’ai eu des moments difficiles et j’en aurai encore. Mais j’ai toujours eu ce feu radiant à l’intérieur de moi, celui qui me pousse à atteindre le meilleur de moi-même, étape par étape.
J’ai plusieurs fois tenté d’étudier après le secondaire : en sciences humaines, arts et lettres, intervention en délinquance. Des difficultés d’estime personnelle, de déprime, d’anxiété sociale et de méconnaissance de moi-même m’ont fait m’arrêter. De plus, un appel irrésistible pour l’aventure a déterminé la suite de mon histoire.
Les voyages m’ont transformé
J’ai voyagé, surtout sur le pouce, autour de mon continent, soit l’Amérique du Nord. J’ai commencé par aller à Sept-Îles en janvier, dans les maritimes incluant les Îles-de-la-Madeleine, ensuite le Maine et à la frontière sud, j’ai pris un Greyhound pour la Nouvelle-Orléans en Louisiane. Par la suite, j’ai poursuivi mon chemin jusqu’au Texas, puis vers le Mexique où je suis allé au sud de la ville de Mexico, jusqu’au sommet d’un haut volcan. Je suis retourné par la Côte-Ouest, en passant par la Californie jusqu’au nord du BC comme on dit, à la merveilleuse île de Haida Gwaii. J’ai finalement pris le train vers Montréal et passé l’année suivante à vagabonder d’une communauté ou d’une personne inspirante à une autre au Québec. En me laissant tomber sans filet, mais avec l’espoir et l’intention d’aller mieux, je peux vous dire que je n’étais plus la même personne, même si l’anxiété et le sentiment d’être jugé entravaient toujours mon élan.
J’ai rencontré toutes sortes de personnes, toutes sortes de façons de vivre et de penser. Ce n’était pas toujours beau, car j’allais autant dans les endroits miséreux que merveilleux et parfois, les deux allaient de pair. J’ai appris à me connaître. Dans l’extrême simplicité matérielle, sans protection, qu’est-ce qu’il nous reste?
Ce voyage s’est avéré, avec le recul, être un voyage spirituel, initiatique, où la vie, mes qualités et mes peurs allaient se manifester et se clarifier pour moi, avec l’aide du destin et de mes camarades vivants, c’est-à-dire les gens que je rencontre en chemin.
Ma vie : ma thérapie
Petit à petit, j’ai compris que ma vie quotidienne serait ma thérapie. J’ai même un nom pour ça, le karma yoga, le perfectionnement par l’action désintéressée. Les défis de la vie, je m’en sers pour devenir meilleur, ce que je fais, je ne m’attache pas aux résultats. Le but est d’atteindre un état de conscience et de compassion. Je le comprends comme ça. C’est un objectif, je ne dis pas que je réussis toujours, mais je vais parfois chercher de l’aide au besoin.
Quand je suis devenu père, je suis redevenu progressivement sédentaire et je me suis installé à Sherbrooke, puis dans la région de Lac-Mégantic. J’étais rendu capable d’aller chercher de l’aide sous plusieurs formes et recommencer progressivement à travailler. Maintenant, à la suite d’un accident de travail (destin?), me revoilà comme étudiant dans le domaine social, cette fois en Technique d’éducation spécialisée. J’aime ça et mes problèmes d’autrefois ne m’affectent plus autant, alors je réussis bien.
Un passage à L’Ensoleillée
J’écris présentement ces lignes de mon stage à L’Ensoleillée, ressource alternative en santé mentale à Lac-Mégantic. Ici, on aide les gens dans l’amélioration et le maintien de leur santé mentale. Diagnostic ou pas, la santé mentale concerne tout le monde. Le but de l’alternative en santé mentale est que les besoins, les décisions, les actions proviennent des membres. Tel un regroupement de personnes qui veulent aller bien, qui font fonctionner la ressource et la façonnent vers ce dont ils ont envie qu’elle soit. C’est ce que j’ai compris.
Mon rêve qui m’amène à faire tout ça est d’ouvrir un jour ou de participer à un centre de thérapie communautaire qui utiliserait le travail en nature et en groupe comme levier d’intervention, peu m’importe la forme et le nom que ça prendrait.
Petite anecdote
Un jour où j’arrive à la Nouvelle-Orléans en fin de journée, c’est comme s’être téléporté dans un autre monde. Je sors de l’autobus, des gens m’offrent à boire du fort assis près d’un bâtiment. Je parle un peu avec eux et des gens s’arrêtent pour m’embarquer dans leur auto. Ils disent qu’ils ne font jamais ça normalement, puis m’apportent vers un centre où je vais pouvoir dormir et rester quelques jours. Plus tard dans la semaine, je décide de participer aux festivités du Mardi gras où je bois beaucoup d’alcool que des gens me paient. Je finis par perdre mon sac à dos. Par la suite, je dormirai dans des maisons abandonnées dû à l’ouragan Katrina. Dans l’une d’elles, je trouve un petit livre d’introduction au bouddhisme et je le garde. Était-ce un vol? Cela a éveillé mon intérêt à la méditation, qui a aussi déterminé la suite de ma vie.
Par Marc-André, stagiaire à L'Ensoleillée