L’impact de la pandémie sur nos animaux domestiques

1 décembre 2022 | Par Journal de rue de l'Estrie | Animaux, Partenaires d'affaires, vol. 20, no 6

En mars 2020, nous faisons face à une pandémie mondiale, passant d’une vie sociale et quasi sans contraintes à une vie sédentarisée. Confinement, couvre-feu, solitude et télétravail font alors partie de notre quotidien. Et pour plusieurs d’entre nous, notre mode de vie est chambardé; sans surprises, notre moral est affecté. Malheureusement, nos animaux domestiques en ont également souffert, car l'impact de la crise sanitaire a été beaucoup plus important et imprévisible qu’on le pensait sur nos compagnons.

Parlons d’abord de nos amis les félins, habitués à une certaine routine, soit celle d’avoir un logis à eux seuls pendant de nombreuses heures. De fait, avec tout ce monde confiné à la maison, leurs moments de solitude et de calme à se prélasser au soleil ont été perturbés. Pour certains, ce bris de sérénité est synonyme d’une hausse de stress, ce qui peut engendrer des problèmes de santé telle la cystite idiopathique, c'est-à-dire une inflammation de la vessie directement causée par la nervosité. Même si cela ne s’applique pas à tous les chats, en connaissant leur nature solitaire et routinière, ce phénomène ne doit pas être pris à la légère.

chat et personne en télétravail
Le télétravail a grandement impacté les services de soins animaliers, mais malheureusement, le domaine vétérinaire est en pénurie de main-d’œuvre au Québec.
Source : Pexels

Comment les secourir
En connaissance de cause, il est primordial d'essayer de maintenir une routine et de leur offrir des épisodes de calme. Si c’est impossible, leur fournir de multiples cachettes, surtout en hauteur, en vue de réduire leur stress. Une autre astuce : tenter de décoder leur langage corporel pour mieux les comprendre et leur offrir ainsi ce dont ils ont besoin. Dans cette optique, le site Éduchateur est une mine d’informations, non seulement pour communiquer avec les chats, mais solutionner certains problèmes.

Et les chiens dans tout ça?
À l’opposé des chats, les chiens sont des êtres sociaux; ils aiment la compagnie et la recherchent. Être constamment avec son maître en confinement semble donc le comble du bonheur pour la majorité d’entre eux. Cela nous porte à croire que la pandémie n’a pas affecté les chiens.

Toutefois, ces changements de mode de vie en ont incité plusieurs à adopter un animal de compagnie; l’occasion semblait tout indiquée, mais était-ce vraiment le cas? Les animaux recueillis durant la pandémie ont été particulièrement impactés par le manque de socialisation. En effet, un chien doit être habitué à côtoyer d'autres animaux dès le bas âge. Sinon, cet apprentissage se complique en vieillissant. Par conséquent, les « chiots Covid » ont développé davantage de problèmes de comportement dus au manque de socialisation. Que ce soit avec les autres humains ou animaux, il est primordial que les jeunes chiens voient et découvrent de nouvelles choses pour éviter l’anxiété de séparation et celle envers autrui, l’accroissement de la nervosité ou les risques de destruction de biens matériels. Il n'est pas rare de voir en clinique des chiots ou de jeunes adultes effrayés par d'autres hommes contrairement à autrefois.

En ce qui a trait aux chiens déjà éduqués ayant vécu le confinement avec leurs propriétaires, le retour au travail peut s'avérer compliqué. Habitués à être accompagnés, ils ne savent plus comment s’occuper seuls. De là apparaissent des problèmes comportementaux variés.

chien ayant détruit du matériel
Que ce soit avec les autres humains ou animaux, il est primordial que les jeunes chiens voient et découvrent de nouvelles choses pour éviter l’anxiété de séparation et celle envers autrui, l’accroissement de la nervosité ou les risques de destruction de biens matériels. Source : iStock

À tout cela s’ajoutent les risques d’obésité. Être constamment en compagnie de son chien lui offre des occasions supplémentaires de quémander de la nourriture. Puis, afin de pouvoir se concentrer en télétravail, son maître achète la paix en cédant à ses caprices gourmands. Le surpoids guette alors notre toutou chéri.

Demandes à la hausse, services en baisse
En sachant tout cela, plusieurs appellent en clinique pour des problèmes de comportements ou de santé. Il est toutefois difficile d’obtenir un rendez-vous rapidement avec son vétérinaire et cette situation s’applique à tout le Québec. En effet, en début de pandémie, toutes les cliniques vétérinaires et d’autres services animaliers (toilettage, pension) ont dû fermer partiellement pendant trois mois pour laisser place uniquement aux urgences médicales. Ainsi, vaccins, chirurgies de stérilisation ou de routine, coupes de griffes et examens annuels ont dû être reportés. Trois mois de retard ne se rattrapent pas aisément, surtout avec un nombre croissant de demandes causées par la pandémie. De plus, en passant plus de temps avec son animal, on remarque davantage ses problèmes de santé (grattage fréquent, secoue ses oreilles, se lèche avec excès par stress, ennuie ou toc, etc.). Le télétravail a donc grandement impacté les services de soins animaliers, mais malheureusement, le domaine vétérinaire est en pénurie de main-d’œuvre au Québec. Dans l’ensemble, il n’y a tout simplement pas assez de cliniques vétérinaires en région pour répondre à cette demande toujours en forte croissance.

Comment contrer les files d’attente?
Nous vous conseillons d’abord de vérifier auprès de votre clinique son fonctionnement, ses procédures d’urgence ainsi que ses délais d’attente. Si vous n’avez pas de clinique vétérinaire, empressez-vous d’en trouver une. Enfin, tâchez de vous prendre d’avance pour les visites de routine (vaccins ou examen annuel) pour renouveler la médication. Comme le dit l’adage « Mieux vaut prévenir que guérir! »

Par Marjolaine Guay, technicienne vétérinaire de la Clinique vétérinaire Centrale de Sherbrooke

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