Accompagner nos proches dans leur deuil

1 avril 2023 | Par Manon Thibodeau | Mort, Partenaires d'affaires, vol. 21, no 2

Votre simple présence aide la personne endeuillée à refaire des repères qui lui
permettront de poursuivre sa route.

Le dictionnaire Le Robert propose une définition intéressante du verbe accompagner : « se joindre à quelqu’un pour aller où il va en même temps que lui ». Bien souvent, lorsque la mort touche l’un de nos proches, on se sent maladroit dans nos propos ou nos gestes qui se veulent simplement réconfortants. On veut bien s’engager dans une démarche; on voudrait bien trouver la bonne méthode pour diminuer le poids de la douleur de ce proche; on voudrait pouvoir dire les bons mots qui apaiseraient, mais aucune formule magique n’existe, tout comme aucune phrase passe-partout.

Comment faire alors? Pour passer de la théorie à la pratique, je vous propose une situation basée sur des éléments réels. Chaque cas est unique. Mon souhait est de fournir des repères et de susciter une réflexion.

Perdre un partenaire de vie après 52 ans de complicité
Monsieur a perdu sa conjointe, son épouse des 52 dernières années. Il est dévasté. Tous ses repères, ses petits gestes quotidiens n’ont plus de sens. Au salon funéraire, il est devant l’urne, les mains dans les poches, le regard dans le vide. Il ne bouge pas. Il semble à peine respirer. Peu de personnes osent l’approcher de peur d’entrer dans sa bulle ou de dire le mauvais mot, la mauvaise phrase. Et pourtant…

Finalement, un brave, sans trop y réfléchir, s’avance. Il dépose sa main sur l’épaule de son ami éploré. Il tente une phrase. Aucun son ne sort. Il laisse sa main sur l’épaule et regarde simplement l’urne funéraire. Il regarde surtout dans la même direction que son ami. Il l’accompagne.

Se sentant écouté et rassuré par le regard attentif et la présence de son ami, monsieur commence à parler de la vie de sa défunte compagne. Presque à voix basse, il parle de leur complicité, de ses yeux moqueurs. Il raconte ses souvenirs, comme pour s’assurer de les conserver, comme pour continuer à la faire vivre dans sa mémoire et dans celle de ses proches.

Bien sûr, les choses ne se passent pas toujours ainsi! Parfois, l’ami pleurera en narrant ses souvenirs. Parfois, il exprimera de la colère pour cette injustice d’avoir perdu la femme de sa vie. Mais pour le moment, ce qui compte, c’est écouter l’autre et non de l’étourdir de grands conseils. La simple présence est rassurante et l’écoute, très réconfortante. Et peu à peu, au fil des semaines, des mois, des visites de ses proches, il trouvera de nouveaux repères et ses souvenirs le feront de nouveau sourire.

Rappelez-vous que par votre simple présence, vous jouez un rôle essentiel dans l’accompagnement qui aidera la personne endeuillée à refaire des repères qui lui permettront de poursuivre sa route.

Manon Thibodeau, directrice des services aux familles de la Coopérative funéraire de l’Estrie


Les chroniques de l’espace Partenaires d’affaires sont commanditées par des entreprises soigneusement sélectionnées par le Journal de rue de l’Estrie pour leur désir de contribuer à la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.

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