Diversité sexuelle et de genre chez les jeunes

7 juin 2023 | Par Journal de rue de l'Estrie | LGBTQ+, Psychologie, Santé mentale, Société, vol. 21, no 3

La professeure Alexa Martin-Storey est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la stigmatisation et le développement psychosocial © UdeS

La diversité sexuelle et de genre est de plus en plus présente dans l’espace public, ce qui n’empêche pas les jeunes qui font partie des minorités sexuelles d’être stigmatisés et de vivre de réelles difficultés dans leur famille, à l’école et dans tous les contextes de leur vie. Ces jeunes ont besoin de soutien adapté à leur situation, parce que si leur réalité est maintenant plus reconnue, leur santé mentale, elle, ne s’est pas pour autant améliorée.

C’est ce que constate la professeure Alexa Martin-Storey, qui s’intéresse à ces jeunes et cherche à comprendre comment la stigmatisation façonne leur adaptation sociale, leur réussite scolaire de même que leur bien-être. Titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la stigmatisation et le développement psychosocial, la spécialiste en psychologie développementale mène de front plusieurs grandes études qui ont pour point commun les conséquences sur la santé mentale de la stigmatisation vécue par les jeunes.

Selon la professeure, l’image médiatisée du jeune issu d’une minorité sexuelle pour qui tout va bien ne reflète pas la réalité. « Il y a des jeunes issus de minorités sexuelles et de genre qui vont très bien. Ils sont très performants, très heureux et intégrés socialement. Ils vivent ces identités avec beaucoup de légèreté, de joie et de résilience. Mais il y a tous les autres jeunes pour qui l’identité représente des difficultés, surtout au niveau de l’acceptation familiale, de l’acceptation par les pairs… Et il y a toujours des vulnérabilités potentielles. »

Une blessure profonde

En fait, ce qui ressort des recherches de la Chaire, c’est que les expériences de discrimination homophobe, raciale ou liée à la santé mentale ne sont pas si fréquentes pour la vaste majorité des jeunes issus de ces minorités. En revanche, ce sont des expériences très marquantes.

Lorsqu’on a 12, 13, 14 ou 15 ans, on veut être comme tous les autres jeunes. Une expérience qui nous stigmatise comme une personne différente a un effet profond sur soi et peut avoir des conséquences sur la santé tout au long de la vie. C’est pourquoi le concept d’interventions par autrui et d’éducation des témoins fait sa place de plus en plus dans les milieux d’éducation et les milieux communautaires. Lorsqu’une situation de stigmatisation arrive, si le jeune se rend compte que les autres jeunes de sa communauté n’acceptent pas ce type de comportement, c’est en soi un mécanisme de protection.

Pour la spécialiste, ce qui aiderait le plus ces jeunes, c’est de réduire et même d’éliminer les expériences d’homophobie et de transphobie. En faire un objectif de société. Mais, sachant que c’est plutôt utopique, il faut envisager d’autres pistes de solution.

Une hiérarchie sociale basée sur la bienveillance?

Les recherches montrent d’ailleurs qu’un des rôles de l’intimidation dans la vie des ados, c’est d’établir la hiérarchie sociale. C’est donc dire que des interventions qui permettraient de créer des hiérarchies sociales liées à la bienveillance pourraient réduire la victimisation.

« Parce qu’une société où tout le monde est en haut de l’échelle sociale, c’est impossible, des hiérarchies sociales basées sur les comportements de gentillesse pourraient réduire le désir des personnes en haut de la hiérarchie de victimiser les personnes qui sont en bas », conclut la professeure Martin-Storey.

Source : Nouvelles de l'Université de Sherbrooke

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