Freins à la demande d’aide des hommes abusés sexuellement

1 août 2023 | Par SHASE | Santé mentale, vol. 21, no 4

Au SHASE, nous intervenons auprès d'hommes ayant parfois attendu plusieurs années avant de parler à quelqu'un du fait qu'ils ont été agressés sexuellement. L'âge moyen pour faire ce dévoilement est de 43 ans. Regardons quelques éléments qui peuvent rendre ardue la demande d'aide aux suites de cet évènement perturbant, et ce, malgré les difficiles répercussions que peuvent subir les victimes.

Être cru et entendu

Ne pas être entendu ou ne pas être cru peut être très lourd de conséquences chez un garçon, car cela peut lui faire vivre du rejet et de l'abandon. Il est possible que certains garçons en aient parlé à leurs parents, mais qu'ils n'ont malheureusement pas eu le soutien nécessaire ou n'ont peut-être pas été crus à ce moment. Avoir le courage d'en parler à nouveau à quelqu'un d'autre, pour une personne méfiante ayant de la difficulté à s'ouvrir et à s'exprimer, peut prendre du temps. D'autres ont dû garder le lourd secret longtemps. Certains garçons craignaient par exemple les représailles de l'agresseur, alors que d'autres avaient peur de briser la famille si l'agresseur faisait partie de la cellule familiale. Il faut tout de même expliquer que chez beaucoup d'hommes, l'agresseur les a énormément manipulés. Et cela à un point tel que les victimes sont parfois terrorisées à l'idée d'en parler ou elles ont été convaincues d'être responsables de leurs abus sexuels.

Un sujet tabou

La honte et la culpabilité peuvent être très présentes. Des hommes ont tellement eu honte de ce qu'ils venaient de vivre qu'ils ont tenté par divers mécanismes de protection d'y donner un sens. Certains expliquent avoir tenté de ne plus y penser, d'oublier cette expérience très perturbante toute leur vie, avec des résultats plus ou moins efficaces.

Nous commençons depuis quelques années à parler de la réalité des hommes agressés sexuellement, mais ce sujet demeure encore tabou. Lorsqu'un homme a été agressé sexuellement par un homme, il peut arriver d'avoir des remises en question au niveau de sa réflexion sur son orientation sexuelle. Cette situation bloquera des hommes à en parler s'ils ont peur du jugement des autres.

Plus de 70 % des hommes agressés ne reproduiront jamais un geste d'agression. Or, les mythes et les préjugés poussent les victimes vers le silence. Les hommes ne demanderont pas d'aide de peur d'être jugés injustement et de se voir, entre autres, privés du précieux contact avec leurs enfants et petits-enfants.

La difficulté à demander de l'aide

Le code de la masculinité toxique peut influencer négativement la demande d'aide, car d'avouer ses faiblesses peut être très confrontant. Des hommes expliquent très clairement qu'ils n'aiment pas demander de l'aide, mais d'un autre côté, ils se rendent bien compte qu'ils en ont besoin. Ces hommes veulent être entendus, écoutés, crus, soutenus et outillés face aux diverses difficultés qu'ils vivent suite aux agressions sexuelles (faible confiance en soi, faible estime de soi, méfiance envers les autres, difficulté à vivre des moments d'intimité, etc.). Malheureusement, bien des hommes pensent qu'ils doivent se débrouiller seuls avec leurs problèmes et que d'en parler ne servira à rien.

Le SHASE est là

Il faut pourtant bien du courage pour reconnaître que nous vivons des difficultés et que nous ne pouvons pas les gérer seul. Il est normal d'avoir besoin de soutien dans ce cheminement. Au SHASE-Estrie, nous sommes là pour être ce soutien dans votre vie et pour vous accompagner à travers ces obstacles.

L'équipe du SHASE

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