Catégories :
Femmes
vol. 21, no 4

La violence sexuelle n’est pas une matière scolaire!

1 août 2023 | Par CALACS Agression Estrie | Femmes, vol. 21, no 4

 

Cette année, pour la Journée d'action contre la violence sexuelle faite aux femmes, l'équipe du CALACS Agression Estrie a créé du matériel promotionnel pour sensibiliser la population aux violences sexuelles dans les écoles primaires et secondaires. En voici un exemple.

La 42e Journée d'action contre la violence sexuelle faite aux femmes (JACVSFF) se tiendra le 15 septembre prochain. Chaque année, c'est l'occasion pour les Centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) à travers la province de faire entendre leurs revendications en lien avec une thématique choisie qui, cette année, est « Essoufflées de crier ». Au CALACS Agression Estrie, nous revendiquons une loi-cadre contre les violences sexuelles dans les écoles primaires et secondaires du Québec.

Vous en avez peut-être déjà entendu parler dans les médias au cours des dernières années que ce soit par le Collectif la voix des jeunes compte (ou #metooscolaire) qui s'implique sur la question depuis plus de cinq ans ou même par de jeunes citoyennes estriennes qui se sont récemment exprimées sur le sujet. Toutes ces personnes tiennent le même discours : elles ont été victimes ou témoins de situations de violences sexuelles pour lesquelles très peu ou même aucune action n'a été mise en place. Il est impossible de passer sous silence que de nombreuses situations d'agressions sexuelles en milieu scolaire ont été médiatisées depuis. Quoi qu'il en soit, tous les groupes impliqués sont d'accord sur un point : il est plus que temps d'agir.

Une loi-cadre pour agir

Pourquoi une loi-cadre? L'objectif premier d'une réforme dans les écoles primaires et secondaires est évidemment de protéger les jeunes victimes. Il est temps de cesser de se mettre la tête dans le sable; il y a plusieurs cas de violences sexuelles dans les écoles et, présentement, chaque situation est gérée au cas par cas.

Une des premières fonctions de la loi serait d'avoir une procédure uniforme pour que tous les établissements scolaires gèrent les plaintes et les dévoilements de la même façon. Cela assurerait qu'aucun vécu ne soit banalisé et que chaque personne obtienne le soutien dont elle a besoin. Il est important de nommer que les établissements d'enseignement supérieur comme les cégeps et les universités se sont déjà dotés de politiques et de procédures internes pour s'assurer d'enrayer les violences à caractère sexuel dans leurs établissements et pour assurer à chaque personne impliquée un accompagnement et un soutien adapté. Il n'est donc pas irréaliste de croire que cela pourrait être mis en place dans les autres écoles.

Ensuite, il est primordial que des services d'aide soient offerts aux victimes, mais aussi à ceux qui ont commis l'agression. Au CALACS Agression Estrie, de nombreuses victimes ont verbalisé ne pas s'être senties soutenues, accueillies et accompagnées dans ce qu'elles vivaient. D'autres avaient si peur de ne pas être crues ou de voir leur vécu être minimisé qu'elles ont choisi de taire leur agression. Pourtant, nous savons très bien que cela fait une énorme différence pour une personne survivante de se sentir crue et entendue dans ce qu'elle vit. En mettant une politique en place qui assure un accès à du soutien, nous nous assurons que les personnes auront un espace pour verbaliser leur vécu, obtenir du soutien et, dans plusieurs cas, entamer leur processus de guérison.

Également, cette loi pourrait assurer que tous les enfants et adolescents, ainsi que les adultes qu'ils côtoient à l'école soient formés sur les violences à caractère sexuel. Il peut être difficile pour les personnes impliquées en milieu scolaire de savoir reconnaître et détecter les agressions à caractère sexuel. De nombreux professionnels nomment ne pas se sentir outillés pour prévenir les violences, mais également pour offrir du soutien par la suite. Il peut être difficile d'avoir accès aux bonnes ressources ou de recommander quelqu'un vers celles-ci lorsque nous ne connaissons pas bien le sujet. Il est donc important que tout le monde soit sensibilisé et éduqué face à la problématique afin de faire de la prévention.

Essoufflées de crier

Le lien avec le thème? Ça fait des années que le Collectif la voix des jeunes compte, fondé par des jeunes femmes issues de la diversité culturelle, demande au gouvernement québécois cette réforme. Cela fait maintenant des mois que les élèves et les anciennes élèves estriennes se sont regroupées pour faire la même demande, mais toujours aucune avancée de ce côté. Nous croyons qu'il est juste de croire qu'elles sont essoufflées de crier. Nous croyons également qu'il est juste de déduire qu'en tant que société, nous n'écoutons pas les jeunes femmes. C'est pour cela qu'à titre d'organisme, nous tenons à les soutenir publiquement et à revendiquer avec elles pour que les choses changent et qu'une loi pour protéger nos jeunes soit enfin appliquée.

L'équipe du CALACS Agression Estrie

 

 

Partagez
[TheChamp-Sharing]