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Femmes
vol. 21, no 4

Réalités pluriElles des Estriennes

17 août 2023 | Par ConcertAction femmes Estrie | Femmes, vol. 21, no 4

 

Malgré les efforts soutenus des mouvements féministes, des personnes militantes, des groupes communautaires, de leurs partenaires allié.es et de l'ensemble de la société civile et politique, force est de constater que les inégalités entre les femmes et les hommes, entre les femmes elles-mêmes ainsi qu'entre les personnes de tous les genres persistent. Pour les groupes qui composent ConcertAction Femmes Estrie (CAFE), la Table de concertation régionale en défense de droits des femmes, les besoins sont criants dans trois domaines spécifiques : la mobilité, la sécurité et le logement.

Le territoire de l'Estrie couvre une grande étendue; sans automobile, le transport y est donc difficile. Pourtant, il est démontré que les femmes sont les plus grandes utilisatrices des transports collectifs, qu'elles se déplacent davantage à pied et qu'elles sont davantage passagères que conductrices d'un véhicule. Ces réalités ne sont pas étrangères au fait que les femmes doivent composer avec des revenus annuels plus bas et qu'elles sont plus à risque de vivre une situation de précarité financière et même d'itinérance cachée.

Obstacles et déficit de mobilité

La mobilité est l'une des clés dans l'autonomie économique et la participation sociale des femmes. Elle est également nécessaire lorsque des enjeux de sécurité, de recherche de logement ou d'emploi, d'accès à l'alimentation, à l'école ou à une garderie surviennent. Les femmes effectuent davantage de courts déplacements et ces derniers sont plus fréquents entre les heures où les personnes salariées ou étudiantes se dirigent vers leurs occupations ou en reviennent (hors des heures de pointe). Parmi les femmes, celles qui souffrent particulièrement d'un déficit de mobilité sont les mères monoparentales, les femmes seules et les femmes en situation ou à risque de pauvreté. Il est également à noter que les femmes en situation de handicap et les mères monoparentales utilisent deux fois plus les transports collectifs que les hommes qui vivent la même situation.

Plusieurs obstacles viennent perturber le bien-être et la santé des femmes qui vivent davantage de discriminations, qui sont généralement plus pauvres et habitent des quartiers moins bien desservis par les transports collectifs : les femmes autochtones, les femmes de la diversité sexuelle, les femmes immigrantes ou racisées par la société, les femmes en situation de handicap ou qui sont judiciarisées.

L'ADG+

L'application d'une approche intersectionnelle et différenciée selon les genres (ADG+) permet la compréhension des enjeux liés aux droits et à la justice en matière de mobilité tout en considérant l'inclusion sociale ainsi que les impacts sur la santé publique et communautaire. Cette approche permet d'évaluer les manières dont l'offre de transport peut aggraver ou améliorer d'autres formes de discriminations et exacerber ou réduire les inégalités. En évitant les généralisations, il est possible d'obtenir des données précises pour élaborer des solutions communautaires durables qui amélioreront le bien-être et la santé de toute la population.

En résumé, plusieurs obstacles restreignent la mobilité des femmes à travers la région : tarifs élevés, absence de services à certains endroits ou sentiment d'insécurité dans les transports et les espaces publics, pour ne nommer que ceux-là. Nous souhaitons contribuer à la recherche de solutions créatives et collectives pour veiller à ce que les femmes, dans toute leur diversité, puissent se déplacer sans contraintes et en toute sécurité.

Nos requêtes

Nous demandons aux gouvernements de :

1. garantir l'accessibilité universelle et inclusive des services de transport collectif, de transport adapté et des aménagements pour le transport actif;

2. instaurer des mesures de tarification sociale attestant d'une volonté ferme d'enrayer la pauvreté en région et d'inciter l'usage des transports collectifs et adaptés;

3. anticiper le sentiment de sécurité de toutes les femmes et agir sur celui-ci dans les plans de mobilité et d'aménagement, tant dans les rues que dans les arrêts d'autobus, les parcs, le transport collectif et adapté, ainsi que les transports alternatifs publics et privés;

4. s'inspirer des bonnes pratiques quant à la gestion du transport collectif et adapté, ainsi que du transport alternatif public et privé pour l'ensemble du territoire estrien.

Pour en apprendre plus sur le logement, la sécurité, la santé et la mobilité du point de vue des femmes dans toute leur diversité, rendez-vous au concertactionfemmesestrie.org.

 

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