Le Domaine Orford est une maison de thérapie favorisant l'autonomie des personnes aux prises avec une dépendance aux drogues, à l'alcool ou aux médicaments. Son programme interne, d'une durée de six mois, aide cette clientèle plus démunie à se remettre sur pied grâce à la diversité de ses approches et de ses services.

Le quotidien des personnes hébergées est meublé de rencontres de groupe, de tâches ménagères et d'activités d'introspection, le tout bien entouré du chien de zoothérapie Sparky. Les usagers ont accès à des intervenants en toxicomanie, à une infirmière, à des responsables des affaires sociales et juridiques, à un médecin et même à un contrôleur financier. Des choses souvent tenues pour acquises telles que la dentition et l'achat de lunettes ne le sont pas pour eux. « Ces personnes n'ont plus de pièces d'identité. Elles sont démunies de tout, sans vêtements ni même d'adresse », déplore le directeur général du Domaine Orford, Steve Binette.

Selon M. Binette, puisque ces personnes ont été prises en charge très jeunes, notamment par le département de la protection de la jeunesse, on doit leur réapprendre la base. Ainsi, la case départ du Domaine Orford consiste en l'hygiène de soi et de son environnement. « Ici, on vit en communauté thérapeutique, soulève-t-il. L'hygiène est très importante. Les gens arrivent d'un milieu défavorisé où l'hygiène n'est pas une priorité. Le temps que tu consacres en faisant du ménage, c'est ce que tu vas travailler sur toi. Plus tu seras propre de ta personne, plus que tu seras intéressé à investir dans ton intérieur. »

Laver la vaisselle, nettoyer les planchers et sortir la poubelle font partie des tâches régulières. Non seulement cette routine favorise l'autonomie, mais elle crée un sentiment d'appartenance au sein du groupe. « C'est le quotidien de la vie, soutient le directeur. Pour rétablir quelqu'un qui arrive de la rue sans aucune notion d'organisation, il faut partir de la base. » Pour y parvenir, la règle d'or du Domaine Orford est le 8-8-8, soit 8 heures de sommeil, 8 heures de loisir et 8 heures de travail. Cette stratégie permet de rester dans l'action et d'éviter de ruminer.

« Les plus poqués de la société »

Selon M. Binette, le centre de désintoxication « ramasse les plus poqués de la société ». « On parle de problèmes de consommation sévères et non d'une petite coupe de vin le soir. On accompagne des personnes qui prenaient de 15 à 20 speeds par jour. » Au Domaine, 80 % de la clientèle est judiciarisée, soit sous l'ordonnance d'un juge. Les rechutes ne sont pas tolérées et le programme est fondé sur un principe d'abstinence totale. Par conséquent, le non-respect des conditions pourrait signifier un retour en détention.

Plusieurs souffrent de comorbidités liées à la santé mentale. On fait notamment allusion à l'anxiété, à la dépression ou au trouble de la personnalité limite. Le tout mélangé avec un trouble de consommation engendre un cocktail plutôt explosif.

La zoothérapie en renfort

Sparky est au cœur du Domaine Orford depuis deux ans. Il y réside en permanence, puis se promène librement sur les étages afin d'apaiser l'âme des plus démunis. Ses bienfaits sont innombrables. « Je crois beaucoup à la zoothérapie, confit Steve Binette. Lorsque les personnes sont en psychose ou qu'elles vont moins bien, la présence d'un animal les apaise et les ramène dans le moment présent. Les gens sont super contents de voir Sparky, car il leur apporte beaucoup d'affection. Certains ont même dit s'être acheté un animal après leur passage au Domaine. » Dans le même ordre d'idée, M. Binette projette la construction d'un enclos avec des chèvres et des poules d'ici les prochains mois.

La naloxone pour sauver une vie

La naloxone est un médicament à action rapide pour renverser temporairement les effets d'une surdose d'opioïdes. Les opioïdes sont des substances psychoactives comme le fentanyl, la morphine et l'oxycodone qui agissent sur l'esprit, l'humeur et les processus mentaux. Sachez qu'il est possible d'aller chercher gratuitement des trousses de naloxone à l'organisme IRIS Estrie ainsi qu'à la Chaudronnée. Le médicament est offert sous forme injectable ou en vaporisateur nasal.

La crise des opioïdes demeure un problème de santé publique complexe puisque la drogue de rue est souvent contaminée par du fentanyl, selon le Gouvernement du Canada. Incolore, inodore et insipide, le fentanyl est difficile à détecter. Il est donc impossible d'en connaître la quantité exacte incorporée à une drogue. L'Agence de la santé publique du Canada recense un total de 34 455 décès liés à une intoxication aux opioïdes entre janvier 2016 et septembre 2022. Le fait d'ajouter cette trousse à votre pharmacie pourrait bien sauver une vie un jour.

Andréa Maheux, journaliste pour le Journal de rue de l'Estrie