La Chine, 22 ans plus tard

26 octobre 2023 | Par Marcel Morin | Culture, Société, vol. 21, no 5

Un garçon chinois devant la vitrine d’un magasin de luxe © Marcel Morin

Cette année marque le 22e anniversaire de mon arrivée en Chine, un pays qui a subi une transformation spectaculaire depuis mon premier pas sur son sol. Il y a deux décennies, je débarquais à Hong Kong avec comme destination Dongguan, Guangzhou. L’expérience était marquée par un choc culturel intense, des paysages insolites et des contrastes saisissants.

Dès l’aéroport de Hong Kong, le voyage vers la Chine populaire commençait avec un autobus jusqu’à la frontière de Jiu Long. Un petit pont sur une rivière, jonché de fils barbelés, marquait l’entrée en Chine. Une senteur désagréable émanait de cette rivière. Mes premiers pas dans ce nouveau monde furent troublants, une immersion dans un environnement qui m’était totalement inconnu.

Après les formalités douanières, j’ai rencontré Nancy, mon contact de l’usine à visiter, accompagnée d’officiels. La route vers Guangdong a débuté sur une autoroute moderne à six voies bordées de jardins impeccables. Cependant, cette modernité a vite cédé la place à des scènes de travailleurs et travailleuses maniant pelles et truelles, réalisant la construction de la route, illustration du contraste entre développement avancé et infrastructures en construction.

Dongguan, une ville animée de 6 millions d’habitants, m’a accueilli avec ses rues encombrées de camions, vélos et motos et une cacophonie de klaxons abasourdissante. Guangzhou, au cœur de la nouvelle Chine, était l’épicentre d’une révolution commerciale. Ma route m’a ensuite conduit à Shanghai, en pleine construction de sa première ligne de métro et de sa première voie rapide.

À cette époque, la ville était dominée par des « shantytowns », des petites maisons collées les unes aux autres. La vie s’écoulait dans les rues et ruelles : les maisons étaient équipées de petites cuisines improvisées à l’extérieur et les toilettes étaient collectives. La propreté était un défi et la rue servait souvent de dépotoir.

Cependant, le désir de changement se faisait sentir. Les villes chinoises étaient en effervescence, reflétant l’aspiration croissante à rejoindre et même surpasser les normes occidentales. Shanghai était un chantier géant, avec des gratte-ciels en construction qui se fondaient dans une pollution qui rappelait l’urgence de la transformation.

Vingt-deux ans plus tard, les métropoles chinoises comme Shanghai et Suzhou ont évolué vers une modernité éclatante. Les transports en commun et l’architecture urbaine sont à la fine pointe des normes mondiales. La lutte contre la pollution a porté ses fruits, offrant des journées de ciel bleu autrefois inimaginables. Suzhou est un exemple vivant de cette modernité, avec des efforts constants pour améliorer les conditions de vie, promouvant l’écologie, la propreté, la culture et le respect de l’autre.

Les fermiers venus chercher fortune en ville ont évolué, devenant des consommateurs confortables dans la société chinoise. La Chine est désormais le leader mondial de la consommation du luxe, abritant toutes les marques prestigieuses.

Face à ces transformations, la question persiste : quel avenir attend cette nation puissante aux potentialités apparemment illimitées ? L’histoire continue de s’écrire, et seul l’avenir nous dira ce que la Chine nous réserve.

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