Billet du coordo – Les espaces de la zizanie
Dans les dernières semaines, le débat fut houleux à propos des toilettes et des vestiaires non mixtes. Toutefois, plusieurs raisons justifient la présence d’installations inclusives pour tout le monde. Il existe entre 100 000 et 2 millions de personnes trans et non-binaires au Canada, selon les différentes études. Cependant, les toilettes et les vestiaires mixtes profitent à 100% de la population.

Pour les communautés de la diversité sexuelle et de la pluralité des genres, cela signifie de ne plus avoir à se poser la question de l’endroit genré où nous devons aller, peu importe la porte que nous prenons, peu importe si notre genre correspond à notre expression de genre. Dixit les femmes trans en début de transition qui ne se sentent pas confortables dans les vestiaires pour femmes, mais qui désirent y être puisque cela est leur genre. Pour tout le monde, cela permet d’avoir accès à des toilettes et des vestiaires moins occupés. Fini les files interminables alors que les toilettes réservées au genre opposé sont libres.
Pour l’anecdote personnelle, je suis mal à l’aise dans un vestiaire genré. J’ai toujours l’impression que les hommes savent que je suis gay et pensent que je les désire (ce qui est évidemment faux). Avec l’absence de la nudité imposée dans les espaces mixtes, tout le monde peut se sentir à l’aise. Fini de se ramasser face à face avec une paire de testicules pendantes.
Pour la sécurité, les cloisons des cabines sont plus grandes, les espaces entre les cloisons et les murs sont remplis. Cela équivaut à plus d’intimité pour tout le monde. Aussi, avec un plus gros bassin de personnes dans un vestiaire ou une toilette, c’est plus gênant de poser des actes indécents ou criminels. D’ailleurs, une porte genrée n’a jamais empêché un agresseur de rentrer dans l’espace et de violer. De plus, les espaces genrés n’apportent pas plus de sécurité en matière de voyeurisme, il existe déjà dans les espaces genrés tout comme dans d’autres espaces publics.
En terminant, j’étais récemment dans une séance d’information sur l’implantation de vestiaires non-genrés à la piscine municipale. J’entendais plein d’arguments de peur du type : « Je ne suis pas à l’aise d’être avec eux » « J’ai peur pour la sécurité de mes enfants » « Il va y avoir une augmentation des agressions ». À une autre époque, on tenait le même genre de discours quand les sociétés ont voulu mettre fin à la ségrégation par l’ethnie dans les espaces publics… Heureusement, les sociétés et les mœurs changent, espérons que ce soit pour le mieux.
Cédric Champagne, Divers-Gens