Une cause qui fait vibrer

13 juin 2024 | Par Luc Breton | Communautaire, Livres, vol. 22, no 3

J’ai commencé à écrire mon roman Le cimetière des aveux en décembre 2020, dès lors je savais que je verserais une partie des recettes du livre à un organisme d’aide à la communauté. J’ai dédié les deux années suivantes à l’écriture quotidienne de mon livre sans y repenser.

Pour chaque copie vendue de mon roman Le cimetière des aveux, je verse 2 $ au Journal de rue de l’Estrie. En vente à la Librairie Appalaches à Sherbrooke et sur BouquinBec

La liste des OBNL en Estrie est sidérante et tous ont un grand besoin d’aide financière. Je souhaitais m’associer à une cause qui me fait vibrer, à laquelle je m’identifierais sans équivoque. Le premier lancement de mon roman étant prévu en avril, le temps pressait et je devais annoncer l’organisme avec lequel je m’associerais. Bien que je sois dubitatif devant les affirmations du type « toute réponse arrive à point nommé », c’est pourtant ce qui s’est produit. Laissez-moi vous raconter.

Le 21 mars 2023 à 20 heures, j’écoute avec mon amoureux et les deux chiens, tous installés sur le même divan, l’avant dernier épisode de la série télévisée Virage – Double faute, concoctée par Louis Morissette, Éric Bruneau et Marie-Hélène Lebeau-Taschereau.

Éric Bruneau y campe le rôle de Charles Rivard, un ex-champion de tennis déchu qui a échoué à un contrôle antidopage. Après une descente aux enfers, un rétablissement, la sobriété, voilà qu’il retourne à la case départ à la suite de révélations de journalistes sur son passé trouble. Il perd son emploi d’entraîneur. Il s’écroule.

Cette scène m’a glacé le sang, j’ai frissonné, les larmes ont coulé. En quelques minutes j’ai plongé à mon tour dans les souvenirs douloureux de ma toxicomanie et de mon alcoolisme. Il n’y a pas ici de parallèle entre le tennis professionnel et mon travail, si ce n’est la pression de la performance. Ce que j’ai en commun avec le personnage principal de la série est la chute, la honte d’avoir échoué, l’âme éventrée, le désespoir, la perte de repère, la peur de l’avenir, la solitude et les tumultes intérieurs. Une souffrance hermétique d’un être cabossé, qui n’ose partager avec les autres, pensant qu’ils ne voudront ni l’écouter ni le soutenir. Ne plus être capable de croire qu’un jour tout sera derrière nous. En 39 ans de sobriété, c’était la première fois que je recevais un choc aussi puissant me ramenant à mon ancienne vie. Merci aux mains tendues qui m’ont aidé à désencombrer cette période de ma vie. Je ne peux trouver meilleure explication que cette phrase clichée « Donner au suivant ».

Je ne porte pas sur mes épaules le sort de l’humanité, mais je crois fermement que les chances ne sont pas égales pour tous dans notre société. Je persiste à croire que j’ai été gracié et que mon nom a été pigé dans un chapeau, comme le dit si bien la maxime populaire. Et si je faisais partie un tant soit peu de la chance de quelqu’un d’autre ?

Le Journal de rue de l’Estrie me garde les pieds bien ancrés dans la réalité et me rappelle que la fragilité de la vie nous souffle dans le cou. Ma façon d’alimenter la flamme de l’espoir, c’est cette contribution versée grâce aux ventes de mon roman.

Luc Breton, auteur

Luc Breton est président du Journal de rue de l’Estrie depuis janvier 2024.

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