Toucher le fond du baril
La soif que j’ai met en scène un homme aux prises avec des dépendances. Imaginons un jeune père de famille monoparentale, papa de la petite Flavie (à peine un an). La maman n’est plus là (ne comptez pas sur moi pour divulgâcher!). Le pauvre Boucher en a plein les bras, c’est le cas de le dire, entre son rôle de père, sa job de vendeur de chars usagés, sa jeunesse éclatée. À quoi s’ajoutent des démons bien nommés : alcool et drogues. Voilà, le décor est planté. Rassurons-nous, la DPJ n’est pas bien loin.
Que fera Boucher pour allonger ses fins de mois, pour acquitter ses dettes de drogue et payer la jeune gardienne de Flavie? Je vous le donne en mille : l’auteur ne manque ni d’imagination ni d’humour.
Le personnage
La soif que j’ai raconte un grand dérapage. Une catastrophe annoncée. Ce Boucher, on voudrait souvent le secouer, l’amener à la raison avant qu’il ne touche le fond du baril. Comment ne peut-il pas voir partout autour de lui ces drapeaux rouges dressés dans un crescendo habile par Marc-André Dufour-Labbé ? Malgré tout, le jeune papa s’en va droit dans le mur. On souhaiterait aussi lui offrir un répit, le prendre dans nos bras afin de lui permettre de reprendre son souffle. Il aime pourtant… D’un amour sincère, maladroit. Mais peut-il donner ce qu’il n’a jamais reçu ?!
La langue
Écrit dans un registre familier qui donne un ton très réaliste au récit, La soif que j’ai nous plonge dans un monde où ça chahute, où ça brasse sans ménagements (les gars se disent leurs quatre vérités en pleine face). Oui, ça tempête dans une langue populaire, crue, souvent au ras des pâquerettes, au point que certains lecteurs pourraient s’en offusquer. Pas moi! J’aime quand ça sonne vrai. Et ici, on est bien servi dans cette prise de parole crédible, en harmonie avec le niveau social des personnages.
Les lieux
Le récit est campé dans la ville de Sherbrooke. On s’y promène d’un quartier à l’autre, du terrain de soccer du cégep à une maison de retraite de la rue Galt ouest, etc. Puis, un jour, dans les couloirs du CHUS Fleurimont (nenon, je ne vendrai pas la mèche).
L’auteur
Après avoir publié Carreauté Kid et Fatigué mort (romans jeunesse), MarcAndré Dufour-Labbé signe ici son premier roman pour adultes. Il est permis de penser qu’il s’est largement inspiré des hommes qui fréquentent le centre d’aide pour hommes en difficulté où il travaille comme intervenant. Le livre est publié par la maison d’édition Le Cheval d’août. La soif que j’ai est un véritable uppercut.
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