Un collectif citoyen contre la précarité énergétique

1 octobre 2024 | Par Gabriel Martin | Pauvreté, vol. 22, no 5

Le 23 aout dernier, un collectif d’associations de défense des droits des consommateurs a rencontré l’ancien ministre de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, pour lui faire part des inquiétudes soulevées par le projet de loi 69. S’il est adopté sans amendements notables, ce projet entrainera une hausse des tarifs d’électricité et, selon le groupe citoyen, il « ne fera qu’étrangler davantage les ménages qui étouffent déjà sous le poids de leurs obligations financières ».

En aout dernier, quelque 2500 cartes postales signées par des citoyens et citoyennes ont été remises au ministre de l’Énergie pour réclamer un débat public sur la précarité énergétique. ▪ Source : ACEF Estrie © 2024

Formé d’une dizaine d’associations de consommateurs dont Solution Budget Plus et l’ACEF Estrie, le collectif milite depuis de nombreuses années pour un meilleur accès des ménages québécois à une énergie abordable. À l’occasion de la rencontre, ses délégués ont remis au ministre près de 2500 cartes postales venant des quatre coins du Québec. « De la Côte-Nord à Montréal en passant par Lanaudière, les Laurentides, la Mauricie, l’Estrie, le Centre-du-Québec, la Gaspésie et le Lac-Saint-Jean [on réclame] un débat public sur l’avenir de l’énergie», explique Émilie Laurin-Dansereau, conseillère budgétaire à l’ACEF du nord de Montréal. Un tel débat, résume-t-elle, permettrait de mieux prendre en compte les questions de justice socioéconomique avant l’adoption de la loi.

Comme le martèlent d’une voix commune les acteurs du monde communautaire, une hausse tarifaire ne serait pas sans conséquence sur les ménages plus vulnérables. À ce sujet, Michèle Goyette, coordonnatrice de Solution Budget Plus, rappelle qu’« un ménage sur sept éprouve déjà des difficultés à payer sa facture d’électricité, ou doit le faire au détriment d’autres besoins essentiels ».

Le 26 aout, le collectif déclarait par voie de communiqué que « l’électricité n’est pas un luxe » et ajoutait estimer « urgent que l’on reconnaisse que l’accès à l’énergie est un droit humain fondamental qui doit être protégé. » Marie-Ève Desnoyers, coordonnatrice de l’ACEF des Bois-Francs, note en outre que la précarité énergétique peut se répercuter négativement et bien concrètement sur la santé physique et psychologique des personnes qui en font les frais.

« Le risque d’augmentation des tarifs est donc très préoccupant », conclut Sylvie Bonin, coordonnatrice de l’Association coopérative d’économie familiale de l’Estrie.

La démission subite de Pierre Fitzgibbon, le 4 septembre dernier, et son remplacement par Christine Fréchette à la tête du ministère de l’Énergie ajoutent à l’incertitude ambiante. Ce départ, s’il risque de fragiliser le dialogue amorcé entre les parties prenantes, pourrait aussi annoncer un changement de ton dans la gestion des dossiers énergiques par le gouvernement québécois.

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