Pascal, Un moral de fer
Pascal Pépin est camelot au Journal de rue depuis quelques années. Il a connu le journal par l’entremise d’un travailleur social, Phillipe Gendron, qui travaillait à l’accueil Poirier à cette époque. Grâce à l’aide de ce travailleur social, Pascal est sorti d’une période sombre de sa vie : la rue. En effet, Pascal a passé deux ans dans la rue suite à un épisode psychotique. Ce chapitre de sa vie n’a pas été facile, mais il a toujours su tirer le meilleur de ce qu’il pouvait dans toutes les épreuves qui ont parsemé sa vie. Âgé de 42 ans, Pascal ne se laisse pas abattre par la maladie qui a frappé à sa porte dernièrement : la sclérose en plaques ne réussira pas à lui enlever son amour pour la vie. Le plaisir de vendre des journaux aux passants de la Maison du cinéma fait partie de ses joies quotidiennes; il aime rencontrer de nouvelles personnes et apprécie la liberté qui s’offre à lui en pratiquant le métier de camelot.

Pascal est un homme heureux et ne se plaint pas des évènements tragiques qui ont parcouru sa vie. Il tente, du mieux qu’il le peut, de vivre une journée à la fois. « J’essaie de rester dans l’instant présent. Il y a comme un jeu du mental, qui fait qu’il te propulse dans le passé ou dans l’avenir, le pronostic, n’est pas bon nécessairement. Les symptômes que je peux avoir avec la maladie de la sclérose en plaques et de la schizophrénie sont mauvais : je peux devenir aveugle, complétement handicapé, c’est pas bon pour moi de voir ça à long terme. Je reste dans le présent. »
Cette force d’esprit, il la prend dans sa foi. À l’âge de 9 ans, Pascal a fait son entrée chez les scouts et ce mouvement a laissé en lui de fortes empreintes qui ont déterminé sa façon de percevoir la vie. « J’ai grandi en faisant mes prières et mes promesses de scouts. Je promets de t’aimer sans cesse et plus en plus et de le faire sans attendre aucune récompense en acceptant simplement que ce soit ta simple volonté. C’est ça que j’ai promis à 9 ans, et j’essaie de le suivre toute ma vie : la voie du scoutisme. Mon éducation s’est faite comme ça, en m’inculquant la foi chrétienne et en cherchant à connaître le Christ », nous confie Pascal.
Malgré le fait que Pascal ne peut plus marcher longuement pour le moment, il se dit satisfait d’avoir pu accomplir des choses dans sa jeunesse qui nécessitaient l’utilisation de ses jambes. Il est fier d’avoir fait le tour du Canada sur le pouce, vers l’âge de 23 ans. Il est allé cueillir des petits fruits dans l’Ouest canadien, et ce périple lui a laissé d’agréables souvenirs. Il a eu l’opportunité d’aller en Gaspésie, à l’Île-du-Prince-Édouard, aux Îles-de-la-Madeleine où il a pu faire la rencontre de nouveaux amis. « Au moins, je me dis que j’ai profité de ma santé quand je l’avais, je me suis dégourdi et ça me réconforte! », nous dit Pascal. Le seul regret de Pascal est de ne pas avoir eu de famille. Il a eu plusieurs relations amoureuses, mais aucune d’entre elles n’a duré assez longtemps pour bâtir quelque chose de vraiment « solide ».
Pascal a été le copropriétaire d’une boulangerie qui était située sur la rue McManamy à Sherbrooke, juste avant d’avoir des problèmes de santé mentale. C’était un ancien lavoir, qu’ils avaient converti, son associé et lui, en boulangerie artisanale. Pour assurer le bon fonctionnement de sa boulangerie, Pascal avait pris soin de faire son cours de boulanger, mais avant qu’il ne la voie venir, la maladie mentale s’est introduite dans sa vie, il n’a pas pu continuer d’administrer son entreprise. Son associé a continué à s’occuper de l’entreprise pendant 5 ou 6 ans, et il ne l’a jamais revu suite à cela.
Pascal avait rencontré une femme vers l’âge de 25 ans, qui consommait régulièrement du cannabis. Avant cette rencontre, il n’avait jamais consommé de drogue. Puisque tous les amis de cette femme consommaient de la drogue quotidiennement, il a commencé à adopter ce style de vie, et vers l’âge de 30 ans, il a fait une psychose. Il a laissé son entreprise, qu’il n’était plus en capacité de gérer, et s’est dirigé vers la rue. « J’ai été deux ans dans la rue sans logement. Je vivais à Montréal, je me tenais dans les métros. L’été, ça allait bien, mais c’était l’hiver le plus difficile, les refuges et tout... », nous souligne Pascal. Grâce à l’aide d’intervenants sociaux, il a trouvé un logement à prix modique dans la ville de Sherbrooke, et l’un d’entre eux lui a proposé de travailler pour le Journal de rue. Il a accepté la proposition, et il en est à sa quatrième année au journal de rue.
Qu’est-ce que tu aimes dans le travail de camelot?
« Je trouve ça le fun être dehors, je rencontre des gens que ça fait longtemps que je n’ai pas vus. À la Maison du cinéma, y a toutes sortes de gens qui vont là. J’ai rencontré mon professeur de maternelle une bonne fois. C’est l’fun de faire des rencontres… », nous confie Pascal
Envisages-tu de poursuivre comme camelot dans les prochaines années?
« Tant que la santé va me le permettre, je vais continuer de le faire… », nous dit Pascal
Avec toutes ces épreuves passées, Pascal Pépin est la preuve vivante que « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort… » Quel sens donne-t-il à toutes les embûches de sa vie? « Le sens de la vie est de se rapprocher de Dieu, chercher à vivre de façon harmonieuse. Je peux dire que je suis heureux, je ne souffre plus. Je souffre de ne pas pouvoir me déplacer comme je le voudrais, comme je le pouvais avant, mais j’accepte ce qui m’arrive. Je suis heureux dans mon cœur », nous dit Pascal.
Peut-être aurez-vous la chance de converser brièvement avec cet homme des plus inspirants qui nous enseigne, à sa manière, que la vie vaut la peine d’être vécue, peu importe notre condition. Ayons de la gratitude pour tout ce que la vie nous donne, et essayons de faire de notre mieux pour apprendre des épreuves qui se glisseront sur notre chemin de vie, c’est ce que je retiens de ma rencontre avec Pascal Pépin. Bonne continuité dans le Journal de rue Pascal!
Merci Pascal pour ton assiduité et ta force infaillible de continuer, de la part de toute l’équipe du Journal de rue. Nous sommes heureux de t’avoir parmi nous