Un parcours de vainqueur
Une fouille dans les archives du Journal de rue nous mène vers un témoignage prononcé à la Maison de l’eau en 2003. À la toute fin du speech, on peut y lire ces mots d’un camelot de rue de l’époque : « Je crois en moi et en mes objectifs qui sont de démarrer mon entreprise d’orfèvrerie et je crois qu’un jour les gens comprendront les conséquences de leurs préjugés envers les gens en situation de misère. »
Le parcours d’un battant
S’il avait prêté flanc à toutes les flèches qu’on lui a envoyées quand il était dans la rue, Francis Lapointe ne serait pas des nôtres aujourd’hui pour affirmer qu’on peut s’en sortir. « Dans la rue, tu deviens une cible; c’est facile de développer le sentiment que tu ne vaux rien, car tu finis par croire ce qu’on dit de toi », affirme ce jeune homme qui a traversé de nombreuses épreuves. Sortir de la détresse morale exige des efforts constants, mais Francis est la preuve vivante que c’est possible. C’est en s’éloignant des gangs de rue qu’il fréquentait à une certaine époque qu’il a repris le contrôle de sa vie. Le Journal de rue a été une passerelle qui l’a mené sur une autre rive : celle de concrétiser un rêve qu’il chérissait depuis longtemps. Mais tout ne serait pas facile : à vingt et un ans, la maladie de Hodgkin – cancer des ganglions – vient entraver son parcours de vie. Plusieurs personnes ont pris soin de lui – entre autres, deux femmes avec lesquelles il a été en couple à l’époque veilleront au quotidien et lui permettront de s’accrocher à la vie. Il leur en sera éternellement reconnaissant. Il luttera pendant dix ans contre cet ennemi sans baisser les bras. Preuve d’une forte pulsion de vie!
Qui est donc Francis Lapointe
Enfant, Francis rêvait de devenir archéologue. Son rêve s’est vite dégonflé quand il s’est aperçu qu’il n’aurait jamais la patience requise pour des fouilles lentes et interminables. Il ne serait jamais Indiana Jones! Un jour, s’amusant avec des morceaux d’étain qui traînaient dans le garage de son père, il découvre qu’il peut donner à ce métal souple les formes qu’il voulait. Sa première bague - il en sourit encore aujourd’hui- sortira de ses propres mains.
Plus tard, une fois loin de la rue, il nourrit un grand rêve: devenir orfèvre! Le travail du métal exigerait une détermination à toute épreuve et il savait que rien ni personne ne le détournerait de sa passion. Deux anges protecteurs ont cru en son projet et se sont investis concrètement dans son projet. Ils avaient compris que pour ce jeune créer était un leitmotiv, une façon de se remettre au monde, de se refaire à neuf. Une manière de se prouver à lui-même qu’il valait mieux que ce qu’on pensait de lui. En autodidacte, il s’est mis sérieusement en marche : parfaire ses connaissances sur le style gothique qu’il affectionnait depuis plusieurs années sans trop savoir pourquoi. Arcana XIII émergera de ses recherches tant à la bibliothèque que sur des sites virtuels. Aujourd’hui, Francis Lapointe a sa propre signature. Après avoir débuté, à dix-sept ans, en faisant de la cote de maille, il a désormais à son actif un catalogue de plus de deux cent cinquante produits, de plus de mille créations originales et certainement plus de dix mille pièces vendues. On peut observer sur son site internet, dont les coordonnées apparaissent ci-dessous, de nombreuses créations gothiques (bagues, colliers, bracelets, etc.). Il est particulièrement fier d’une superbe couverture de livre réalisée en collaboration avec un artisan du cuir.
Un vœu pour le Journal de rue
Aux yeux de Francis, autrefois camelot de rue, il y aurait lieu de se demander pourquoi il n’y a pas davantage de jeunes qui se proposent pour vendre le journal. Il se demande si la vocation première du Journal – celle de servir de tremplin vers l’emploi – aurait été oubliée au fil des ans. Selon lui, on devrait constater un plus grand roulement. Précisant qu’il n’a rien contre les « camelots qui cumulent de l’ancienneté » - il en reconnaît quelques-uns qui étaient là en même temps que lui -, il souhaite toutefois qu’on entre au Journal pour mieux en sortir.
Voir plus loin, plus grand
Depuis quelque temps, Francis sent le besoin d’innover, de sortir de sa zone de confort. Se déstabiliser est devenu pour lui son principal défi. Peut-être en créant des objets décoratifs de plus grandes dimensions, qui sait? Une chose est sûre, Arcana XIII a une clientèle fidèle sur les six continents!