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Camps de réfugiés

1 février 2018 | Par Mylène Rioux, CEP de l’Estrie | Communautaire

Ces dernières années, nous entendons de plus en plus parler de la réalité des personnes qui traversent les camps de réfugiés. Le Centre d'Éducation Populaire de l'Estrie (CEP), un organisme en alphabétisation à Sherbrooke, accueille de plus en plus de personnes réfugiées ayant vécu en camp, et cette réalité est un sujet de discussion très fréquent au sein de l'organisme. 

Afin de sensibiliser davantage la population à cette réalité, le CEP a eu l'envie d'organiser une simulation d'un camp, le 28 octobre dernier, dans le cadre de la Semaine sherbrookoise des rencontres interculturelles (SSRI). L'idée, d'abord lancée naïvement par Stéphanie Cotnoir, la directrice adjointe de l'organisme, a finalement trouvé résonnance dans l'équipe de travail du CEP qui a décidé de relever le défi, majeur, de tenir un tel évènement. 

simulation camp de réfugiés
Une activité de simulation d’un camp de réfugiés organisée par le CEP de l’Estrie, dans le cadre de la Semaine sherbrookoise de rencontres interculturelles.

Une recherche sur Google permet à tous de voir des images de camp de réfugiés. Tout le monde, donc, peut avoir une idée approximative de cette réalité. Mais comment arriver à sensibiliser réellement la population sans tomber dans la pâle imitation ou dans le cliché? C'est la question que s'est posée le comité du travail formé pour l'occasion. À force de recherches, de discussions (notamment avec des individus ayant vécu réellement en camp) et de réflexions, le comité a décidé de ne pas chercher à recréer un camp tel qu'il peut être ailleurs. Pourquoi? Par souci de réalisme (si le camp se déroule en Côte d'Ivoire, il faut que toutes les personnes qu'on y rencontre soient de couleur, il faut également que les accessoires choisis représentent bien cette culture), mais aussi pour ne pas heurter les personnes ayant connu cette réalité en présentant une version truquée, voir adoucie, de ce qu'elles ont vécu. C'est ainsi que l'équipe du CEP a plutôt décidé d'inventer un scénario de catastrophe se produisant ici même et de créer un faux camp de réfugiés à la québécoise, partant de l'idée que des inondations forcent les gens à quitter leur domicile pour joindre un camp de réfugiés temporaire (camp érigé à la Place de la cité). 

Le CEP a décidé de plonger les participants directement dans l'aventure et de les faire devenir acteurs et non spectateurs. Pour le comité organisateur, l'idée de mettre les participants dans une position d'observateurs ne représentait pas une façon suffisamment efficace de sensibiliser les participants : il est facile de regarder avec distance et de trouver que les autres font pitié, mais lorsque l'autre, c'est soi-même et que l'on doit vivre réellement les émotions, l'expérience est beaucoup plus marquante.  

Le CEP a donc créé un camp composé de différentes stations (basées sur les témoignages recueillis et des recherches) où faire circuler les participants.  Ainsi, en entrant dans le camp, les participants devaient subir un interrogatoire serré ainsi qu'un examen médical, pour ensuite s'approvisionner en nourriture et en eau (quantités très restreintes) et en matériel (tout aussi restreint). Ils devaient réussir à se procurer le tout sans se faire voler par les nombreux badauds présents dans le camp et sans répliquer aux soldats parfois peu sympathiques! Par la suite, on leur faisant visiter les «toilettes» (deux chaudières blanches) avant de les accompagner à leur abri, donc, leur logis pour les prochaines semaines. Ce dernier était une tente que les participants devaient partager avec une mère et ses trois enfants. Ils étaient donc environ dix personnes à vivre et à dormir dans un espace grand comme un salon standard! Pendant toute la durée du parcours, les participants étaient fortement invités à se dépêcher, en plus d'être surchargés d'information, le tout, dans un climat parfois hostile. 

Après la simulation, les gens étaient raccompagnés vers le CEP où une personne d'Amnistie Internationale les attendait pour discuter. Ils pouvaient alors se remettre de leurs émotions en prenant un café et témoigner devant la caméra de l'expérience qu'ils venaient de vivre (les témoignages ont d'ailleurs été colligés dans une vidéo disponible sur la page Facebook du CEP de l'Estrie).  

De façon générale, les personnes ayant participé à l'activité ont été étonnées de ce qu'elles ont vécu et de s'être laissé prendre au jeu. Des adultes (et des enfants) ont même pleuré pendant et après l'expérience... L'objectif n'était certes pas de heurter qui que ce soit, mais chose certaine, l'activité n'a laissé personne indifférent. Donc : mission accomplie!  

Pour mener à bien cette journée, le CEP a pu compter sur de nombreux partenaires (pour le prêt de matériel : Estrie Aide, le Surplus d'armée, Provigo Robert Lafond) et de nombreux comédiens bénévoles. Cette réussite est donc celle d'un grand nombre de personnes! 

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