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Interculturalisme

Parcours d’immigrant

1 février 2018 | Par Jose A Dominguez | Interculturalisme

Lors d’un voyage de fin d’études en 1972, j’ai rencontré une Québécoise à Séville en Espagne. Nous y avons passé de bons moments. Quelques semaines plus tard, je l’ai retrouvée en France où elle complétait un stage d’enseignement. Mon cœur était pris. 

De retour au Mexique, j’ai fait une demande à Immigration Canada. Le « parrainage » n’étant pas une option envisageable pour moi, j’ai patienté 18 mois avant de recevoir mon visa à titre d’immigrant reçu. Après un voyage de 5 jours en autobus (moins cher que l’avion) j’arrivais à Sherbrooke le 29 juillet 1973. Nous avions échangé des dizaines de lettres, mais nous étions enfin ensemble. 

Un mois plus tard, j’étais à la recherche d’un emploi. Je parlais espagnol et anglais, détenais un diplôme universitaire, un titre de comptable agréé et 4 années d’expérience mais.... au Mexique. Pas facile et un peu décevant mais il fallait refaire certains cours à l’université et d’autres ailleurs pour finalement obtenir une licence de CGA. Cours de soirs et fins de semaine car j’avais rapidement trouvé un emploi dans un bureau de comptables anglophones où j’ai travaillé durant 10 ans. J’ai aussi travaillé pour des compagnies privées et au gouvernement fédéral comme vérificateur.

Mon intégration est passée par le travail. Mes premiers patrons, anglophones unilingues pour la plupart, ont insisté pour que je puisse travailler en français dans moins de 6 mois. En fait, mon emploi en dépendait. Hors du travail, je vivais uniquement en français. Après 4 mois, je pouvais comprendre et tenir une conversation. Travailler fort et avoir l’esprit ouvert sont essentiel à l’intégration.  

La culture d’ici, plus égalitaire, m’a aidé à comprendre que « tout le monde a droit à sa petite place au soleil ». Le respect et le savoir-vivre en général font du Québec un lieu sécuritaire et agréable où vivre.

La neige et le froid m’ont surpris, mais j’ai aimé et aime encore l’hiver. Les paysages sous la neige sont à couper le souffle. Je préfère l’hiver ici aux étés trop chauds de mon pays d’origine.

Être loin de ma famille et de mes amis est encore difficile. Le temps passant, j’ai vécu plusieurs deuils et cela, souvent à distance. Ce sont des moments particulièrement éprouvants.  

C’est ici que j’ai fondé ma famille. Mes enfants et petits-enfants y sont nés. Ma vie active et professionnelle s’y est déroulée. Je m’y suis enraciné. Mais je ne me sens pas complètement Québécois et quand je suis au Mexique, je constate que je ne suis plus vraiment Mexicain.  Assis entre deux chaises ? Je crois que c’est le cas de la majorité de ceux qui immigrent à l’âge adulte.
Malgré tout, je ne regrette pas la décision que j’ai prise il y a 45 ans sur un coup de cœur… 

Jose A Dominguez et Marthe Royer à leur mariage
Jose A Dominguez et son épouse Marthe Royer le jour de leurs noces.
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