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Voix libre

Deuxième témoignage

1 avril 2018 | Par Sylvain Jodry | Camelots, Voix libre

Suite à mon premier article, j’ai reçu des bons commentaires de la part de la clientèle du Journal de rue, des commerçants et même des personnes qui ne savaient pas que le Journal de rue existait, ça me fait très plaisir de partager pour une deuxième fois. On me félicite et, en retour, j’aide la communauté en donnant des nouvelles. 

Ma mission 

Je suis sensible aux ondes négatives, je ressens bien des choses. Je reste réaliste, je le vois quand les personnes sont mal à l’aise. Je le vois avec mes yeux et dans le regard des personnes. Quand je vends le journal, je vois aussi le pauvre monde fouiller dans les poubelles et quêter dans la rue. Ça me dit bien des choses sans toutefois les juger. En vendant le journal, je rencontre le public. Le monde m’encourage : je remercie le maire de Sherbrooke, monsieur Steve Lussier, qui m’a dit le 5 mars qu’il nous aidera à trouver d’autres points de vente! Il va communiquer avec Nancy, la directrice. Je voudrais aussi remercier mon propriétaire : il commandite le Journal et nous invite au restaurant pour discuter du Journal de rue. Un bon monsieur, solide, compréhensif. Il aide les autres dans des bonnes causes. Son associée, Manon, est très sociable avec les locataires et la clientèle du Spoutnik. 

Entretemps, j’ai aidé deux gars à s’en sortir en devenant camelots. J’y mets beaucoup de temps et de dévouement. Je suis fier du travail de camelot, je me sens utile à aider le Journal à la place de rien faire chez nous.  

Avant le Journal de rue 

Il faudrait bien que les gens en général et les étudiants sachent que tout n’est pas acquis : on peut avoir beaucoup de diplômes ou bien paraître, on n’est jamais à l’abri de la rue. Avant d’être camelot, j’ai été homme de maintenance à La Chaudronnée (soupe populaire). Je reste toujours disponible à les aider. Le directeur, François, et les intervenants m’apprécient ainsi que Sylvain Janvier que j’apprécie pour son œuvre. Belle job ! Chapeau ! 

Ma réalité 

Je suis originaire de Salaberry-de-Valleyfield et parfait étranger en Estrie. Je voulais vous faire part de l’histoire de ma famille et ma dure réalité de divorcé : ma femme m’a triché. J’ai vécu de l’amour pour mes trois enfants et je les ai bien élevés ; ils me donnent des papillons au cœur. 

Je suis fier de mes deux garçons dont un qui travaille à Hamilton comme infirmier à l’hôpital. Mon deuxième, Dominique, est placé dans un centre à Granby; il a cinq maladies dont la dernière a été découverte à 16 ans. C’est dur à prendre pour la famille. Je m’en occupe beaucoup, je lui parle au téléphone et je le reçois à la maison et ça lui fait très plaisir. Il aime ma bouffe, je le sors au cinéma, au Carrefour de l’Estrie, au restaurant. Je participe à son bonheur; le soir je le garde en sécurité. C’est un jeune homme de 29 ans. Il est beau comme son père! Si ça n’était pas de sa santé fragile, il serait plus grand que moi. 

Ma fille, Isabelle, très jolie, me fait grandement plaisir avec mon gendre Guillaume (navigateur de char d’assaut) qui se prépare pour une grosse guerre. Ils ont trois petites filles. Je suis inquiet pour cette belle petite famille, des vrais diamants pour moi. 

Ça fait que je m’assume pour ce que j’ai fait dans le passé, j’étais en boisson. Plutôt, je m’affirme comme un bon citoyen responsable malgré mes anciens démêlés avec la justice, avec mes amis de consommation. En 2002, j’ai fait une thérapie au domaine Orford. 

Je crois qu’on est tous nés avec le cœur du bon Dieu et qu’il faudrait oublier nos vieilles rancunes et chicanes – le gazon est toujours plus vert sur le terrain des autres. 

SOS tendresse 

Je n’ai pas encore trouvé la copine idéale… J’attends toujours un signe de vie et un message : je n’ai pas eu de réponse. J’ai assez souffert, j’ai payé pour mes gaffes. Je mérite le bonheur. J’attends un mot d’amour. Je suis prêt à oublier mon passé avec mon ex, ma plaie est couverte (ça fait longtemps : deux ans). Maintenant, j’attends l’amour. Avec tout mon vécu, j’aimerais avoir une belle romance, un jour, à la condition de se comprendre l’un et l’autre et de dialoguer et partager. 

Je souhaite qu’une femme me fasse signe. Qu’elle m’écrive un message. J’habite à Sherbrooke. Mon cœur est ouvert à un ange précieux et fragile que j’aimerais protéger. Je ne suis pas possessif : la personne donne son amour et pas sa vie.   

Je veux que le monde me voie comme quelqu’un qui aide la classe moyenne et les pauvres ; on ne sait jamais si on peut perdre sa job ou qu’on ne gagne pas le salaire désiré. On donne un bon service aux commerçants et au public. Merci de nous encourager ! Merci au Journal de rue de me publier une deuxième fois. 

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